Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

La neuvième et dernière leçon a commencé par préciser encore les apports pour notre projet de cette brève incursion dans la philosophie de la chimie, à partir du cas Lavoisier, sur le plan épistémologique, tout d’abord : la combinaison harmonieuse, dans la démarche, des éléments conceptuels ou analytiques et empiriques constitue une avancée prometteuse de ce en quoi pourrait consister la découverte de nécessités a posteriori. Lavoisier aide aussi à mieux voir que pour parvenir à ce type d’accès épistémique, on n’est pas obligé de concevoir la méthode scientifique comme se fondant uniquement (contra LaPorte [1]) sur le principe de la généralisation et du succès prédictif ; on doit faire aussi la place belle aux hypothèses, à l’imagination, voire peut-être aux erreurs : après tout, nous apprenons aussi beaucoup de nos préjugés en les corrigeant, en falsifiant. Ce qui nous renseigne donc déjà sur la manière dont nous aurions intérêt à nous pencher sur certains modèles pour parvenir à une authentique « connaissance métaphysique » des EN.

S’agissant ensuite de la question de la stabilité référentielle, le cas Lavoisier oblige certes à se demander à quoi il fait au juste référence lorsqu’il emploie le terme d’élément, et si la question de la stabilité se pose différemment selon les espèces (« oxygène » est un terme nouveau, ce qui n’est pas le cas, connu des anciens, du cuivre, du fer ou du soufre). A-t-on affaire à des découvertes ou à de simples décisions liées aux intérêts, et donc conventionnelles, auquel cas la référence des termes et des nomenclatures serait le pur produit du contexte historique et sociologique (LaPorte). On a présenté certains arguments récemment avancés (Hendry [2]) pour nuancer une telle position et visant plutôt à conforter tant l’hypothèse putnamienne de la stabilité référentielle (et de son utilité) que le bien fondé d’une lecture réaliste plutôt qu’instrumentaliste des « découvertes » (plus que des « décisions ») intervenues dans les espèces naturelles dont témoigne l’histoire de la chimie.

Références