Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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À partir des définitions du roi médieval formulées par Jacques Le Goff, j’ai montré les analogies structurales et symboliques avec le basileus hellénistique. Dans son rôle de roi « administrateur », le roi hellénistique se montre accablé par les pratiques des audiences et de la correspondance qui alimentent le topos des doléances du roi pour la lourdeur de ses devoirs. Le poids de la correspondance est bien représenté par le bien connu passage de Plutarque (Mor. 790.a-b) relatant les plaintes attribuées à Séleucos Ier : « On dit que Séleucos répéta en toute circonstance que si les gens savaient combien il est fatiguant de seulement écrire et lire tant de lettres, ils ne ramasseraient pas pour eux un diadème jeté par terre. » Par contre, la tradition littéraire et l’épigraphie font d’Antiochos III un roi particulièrement enclin à l’activité épistolaire.

Si le décret est l’instrument de l’autoreprésentation et de la communication de la cité, la lettre est l’instrument de l’autoreprésentation et de la communication du roi. À en juger par les formules des lettres officielles, s’en remettre au roi avec dévotion et confiance (eunoia et pistis) et persévérer dans de tels comportements sont les conditions demandées par le roi pour assurer sa protection et pour continuer à élargir sa grâce (charis), ses bienfaits.

Le flux des informations du centre à la périphérie et vice-versa implique un système de communications que nous pouvons seulement imaginer. L. Robert (Hellenica VII, p. 5-29 ; OMS V, p. 469-484) a établi que les dates qui ont survécu différemment dans les trois copies (de Eriza en Phrygie, de Nahavand/Laodicée de Médie et de Kermanshah en Iran) de l’édit d’Antiochos III pour l’institution du culte dynastique de Laodice indiquent que le prostagma a été promulgué dans la 119e année de l’ère séleucide, le 3 ou le 10 de Xandikos ( = le 21 ou le 28 février 193) ; qu’en Phrygie Anaximbrotos a transmis la copie de l’édit le 19 Artémisios ( = le 6 mai) ; qu’en Médie Ménédémos a transmis deux copies de l’édit le 3 et le 10 Panemos ( = le 19 et le 26 juin). On peut disserter longuement pour savoir si ces temps de la transmission de l’édit sont l’indice d’une organisation bureaucratique efficace et de la rapidité de la communication d’un bout à l’autre de l’empire séleucide.