Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Après dissolution dans les masses d’eau de surface, le CO2 d’origine anthropique est ensuite transporté en profondeur par les courants intermédiaires et profonds. La cartographie de la propagation du CO2 anthropique montre une pénétration maximale jusqu’à environ 1,5 km au niveau des zones de plongée des eaux intermédiaires. La contamination de l’océan Atlantique nord va même jusqu’à 3 km, ce qui est dû à la plongée des eaux profondes nord-atlantique (NADW), composante importante de la circulation à l’échelle mondiale dite « thermohaline » (ou circulation méridienne de renversement, meridional overturning circulation ou MOC). Cette contamination des profondeurs de l’Atlantique nord est bien illustrée par les teneurs élevées en traceurs anthropiques transitoires comme le carbone 14 et le tritium d’origine thermonucléaire ou les chlorofluorocarbures industriels.

Le réchauffement et la diminution de salinité des eaux de surface se conjuguent pour diminuer la densité de celles-ci, ce qui conduit à une diminution de la convection profonde. Les modèles numériques de circulation générale avec couplage océan-atmosphère montrent généralement une lente diminution de l’intensité de la MOC pendant le prochain siècle en réponse au réchauffement global (baisse d’environ 30 % pour un scénario moyen conduisant à une pCO2 de 540 ppm en 2100).

Depuis une dizaine d’année, le flux moyen de la MOC est mesuré directement par différents capteurs le long d’une section instrumentée à 26° N en Atlantique, entre la Floride et le Maroc. Les différentes composantes du transport à 26° N montrent une variabilité temporelle de haute fréquence, et saisonnière depuis 2004 (programme RAPID/MOCHA). Une analyse statistique des séries de données suggère une diminution à long terme d’environ 15 % sur cette décennie. Néanmoins, d’autres sections instrumentées à 41° N et à 16° N indiquent que cette tendance est encore difficile à détecter au milieu des fluctuations interannuelles. Par ailleurs, une éventuelle diminution de 15 % sur 10 ans est cinq fois supérieure à celle attendue par les simulations numériques de la MOC perturbée par le réchauffement mondial dû au CO2 anthropique.