Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Les récits rendant compte des relations entre les langages architecturaux et les régimes politiques portent notamment sur les découpages temporels appliqués à l’architecture, sur lesquels ont été plaqués ceux qui correspondent aux principales ruptures dans l’ordre de la politique et non ceux qui correspondent aux seuils dans les transformations des discours et des formes.

Ces découpages sont remplacés par un nouveau cadre d’interprétation qui conduit à une cartographie alternative des intersections entre la sphère politique et celle de l’architecture moderne et contemporaine. Celle-ci s’établit au travers de l’étude des trajectoires parallèles d’architectes engagés dans la conception de projets importants pour des dirigeants politiques ou des entrepreneurs, ce qui permet d’apprécier autrement les pressions exercées d’en haut, en quelque sorte, sur les experts, tout comme la capacité de ceux-ci à y résister ou à les subvertir, et leur efficacité à obtenir le soutien de ces forces à leurs projets.

De nombreux professionnels de qualité et/ou de renom ont utilisé leurs relations avec le pouvoir pour atteindre leurs propres objectifs culturels et esthétiques, surtout lorsque leurs carrières furent longues. Cela fut le cas tant des conservateurs − hostiles à la modernité, mais non à la modernisation − que des modernes des différentes obédiences, des plus attachés à une certaine tradition aux plus radicaux. Ce faisant, tous aspiraient à augmenter leur capital matériel et leur capital symbolique, si l’on peut transposer à la sphère architecturale le concept proposé par Pierre Bourdieu. Les architectes ont manipulé et influencé les clients appartenant à des régimes politiques changeants, réussissant en définitive à former des œuvres qui transcendent les limites mêmes de la politique.