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Ces quatre cours ont porté sur une série de maladies où le phénomène épigénétique d’empreinte parentale joue un rôle capital : syndromes de Prader-Willi et d’Angelman, et syndromes de Beckwith-Wiedemann et Silver-Russell. Le rôle éventuel et moins établi de l’empreinte parentale dans la variabilité phénotypique des syndromes de Turner et Klinefelter a également été évoqué, ainsi que les travaux suggérant un effet modeste mais réel de la procréation médicalement assistée sur le risque de maladies liées à l’empreinte génomique. En introduction, j’ai rappelé que la notion d’empreinte parentale est dérivée de travaux d’embryologie expérimentale et de génétique sur la souris, menés par A. Surani, D. Solter et B. Cattanach, et publiés en 1984-85, montrant la non-équivalence des génomes autosomiques paternels et maternels. Ce domaine de recherche est devenu très actif à partir des années 1990, avec l’identification de régions homologues du génome soumises à empreinte parentale chez la souris et l’homme, et leur implication dans des pathologies génétiques humaines. Des recherches fondamentales visent à étudier les mécanismes d’établissement et d’effacement de l’empreinte, impliquant notamment des enzymes de méthylation de l’ADN (Dnml1, Dnmt3a et 3L). D’autres travaux plus théoriques analysent le rôle évolutif de ce mécanisme chez les mammifères, avec notamment l’hypothèse du conflit darwinien parental, énoncée initialement en 1991 par T. Moore et D. Haig, concernant la croissance de l’embryon, l’échange de nutriments entre mère et fœtus, et peut être aussi le comportement maternel vis-à-vis des nouveau-nés. L’essentiel de cette série de cours a porté sur les mécanismes en cause dans les quatre pathologies citées ci-dessus, impliquant deux régions du génome soumises à empreinte parentale chez l’homme et la souris.

Les syndromes de Prader-Willi et d’Angelman sont des maladies neurodéveloppementales très dissemblables et pourtant, elles peuvent être causées par les mêmes mécanismes (délétion ou disomie uniparentale), mais conduisant dans le cas de Prader-Willi à l’absence d’une copie paternelle de la région impliquée du chromosome 15 (15q11.2-q13), et, dans le cas d’Angelman, par l’absence de la copie maternelle. Mais si le syndrome d’Angelman est lié à une anomalie d’expression d’un seul gène dans cette région (UBE3A, codant pour une ubiquitine protéine ligase), la situation est plus complexe pour celui de Prader-Willi, impliquant un cluster de gènes codant pour des snoRNAs (small nucleolar RNAs), mais peut-être aussi du gène codant pour la protéine necdine, tous présents dans cette région. Les travaux, tant chez l’homme que chez la souris, ont mis en évidence l’importance majeure d’un centre de contrôle de l’empreinte (ICR) dans cette région et de l’expression d’ARN antisens de grande taille. Des résultats majeurs concernant ces mécanismes ont été obtenus par la comparaison de lésions génomiques particulières chez des patients, et de modèles souris spécifiques obtenus par recombinaison homologue. Là aussi, la possibilité récente de créer des cellules souches pluripotentes (iPSC) à partir de fibroblastes de patients apporte de nouveaux outils très prometteurs.