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Les travaux d’édition et de traduction des textes indiens en langues européennes ont été accompagnés, tout au long du XXe siècle, par un débat sur les diverses manières d’aborder les textes et leurs enjeux philologiques – un débat qui se poursuit aujourd’hui, non sans impliquer la création de nouveaux concepts.

L’édition des classiques grecs et latins a, dès longtemps, offert un modèle d’analyse et de traitement des textes qui a structuré la conception même de la science philologique mise en œuvre, à partir de la fin du XIXe siècle, dans la grande vague d’éditions des corpus philosophiques et littéraires indiens. La constitution des grandes collections savantes des classiques indiens, en Inde comme en Europe et aux États-Unis (telles les Sacred Books of the East, la Kashmir Series of Texts and Studies, ou la Harvard Oriental Series) ainsi que la production ininterrompue d’éditions critiques et de traductions annotées des textes sanskrits ont montré tant l’adhésion quasi unanime à cette méthode que la fragilité d’un modèle ecdotique qui peine parfois à s’appliquer hors des corpus pour lesquels il a été conçu.

Comment, par conséquent, rendre compte des caractéristiques singulières des traditions textuelles indiennes et des particularités de leur histoire au fil des siècles ? Comment aborder, par exemple, la question de l’auteur et de son rôle dans des traditions essentiellement orales, du moins en leurs débuts ? À cet égard, on peut faire référence aux notions contemporaines d’« orature » (vs écriture) et d’« oraliture » (vs littérature), forgées pour désigner les textes dont le support est, synchroniquement, le moment même de l’énonciation, ou, diachroniquement, la chaîne d’énonciation. Dès lors, quel est le statut de la variante, et quel sens donner à la quête de l’original dans une culture où les sphères de l’oral et de l’écrit ne cessent de se recouvrir, et où la transmission des textes inclut traditionnellement le passage par l’oral ?

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