Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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La Description de la peste de Florence en 1527 n’est pas qu’un rêve littéraire de Michelet : réattribuée à Machiavel par l’érudition récente (Epistola della peste, éd. Pasquale Stoppelli, 2019), elle est restituée à l’histoire. Celle-ci ne récuse pas pour autant la valeur littéraire d’une parodie complexe de Boccace. Machiavel se souvient de la peste de 1348, mais ne la raconte pas. Suivant ses pas dans une Florence défaite, on introduit les principaux thèmes du cours de cette année, envisageant le temps du Moyen Âge finissant depuis la peste.

Sommaire

  • « J’ose difficilement poser ma main tremblante sur cette page pour commencer une si atroce histoire » (Description de la peste de Florence en 1527)
  • Qui parle ? En compagnie d’un narrateur mélancolique, arpenteur du désastre
  • Quand la catastrophe qui vient ne ressemble pas à celle qu’on attendait
  • « Les épidémies sont des sujets maudits pour les historiens. D’abord, c’est toujours la même histoire. On connaît par cœur le début, le milieu et la fin… » (Guillaume Lachenal, Libération, 19 février 2020)
  • Après, d’après, depuis. Pourquoi la peste est-elle, malgré tout, bonne à penser ?
  • Encore une endeuillée, mais c’est un être de fiction
  • « Les morts n’ont peur de rien » : Michelet, Machiavel et l’idylle de la peste (Histoire de France, tome 8, Réforme, 1855)
  • « Michelet rêve. À mon tour je rêve son rêve » (Christophe Bataille, Le rêve de Machiavel, 2008)
  • Écrire une fugue ou décrire une nature morte : « Aujourd’hui mange hier » (Étienne Anheim, « Le nom Machiavel », Médiévales, 2009)
  • « Une corneille égarée parmi les aigles » (Roberto Ridolfi, Vita di Niccolò Machiavelli, 1954) : depuis la fin du XIXsiècle, des doutes sur l’attribution de la Description de la peste de Florence en 1527
  • Lorenzo Strozzi, Machiavel et les jardins Oricellari : la comédie des masques
  • Retour aux sources : analyse codicologique, philologique et linguistique d’un manuscrit composite (Florence, Bibliothèque nationale centrale, Banco Rari 29)
  • Un texte restitué à son auteur et restauré dans sa dimension historique (Niccolò Macchiavelli, Epistola della peste. Edizione critica secondo il ms. Banco Rari 29, éd. Pasquale Stopelli, Rome, 2019)
  • Nouvelle datation : la peste à Florence en mai 1523 d’après les chroniqueurs Giovanni Cambi et Benedetto Varchi
  • Mortifera pestilentia : Machiavel écrit après et d’après Boccace
  • Désolation urbaine, dépeuplement démographique, dépression économique et déprise civique
  • Une cité frappée d’asthenia : éloge ou parodie ?
  • La dissolution du popolo : sur les places et les marchés, on ne parle plus de rien
  • Misera Fiorenza nostra : déchéance politique et poétique d’une communauté fictive d’êtres parlants
  • Accuser le temps, c’est-à-dire à la fois la qualità dei tempi e la dispozizione dell’aria
  • « On se souvient que la même chose arriva en 1348 et en 1478 »
  • Le chrononyme imparfait : 1348 comme millésime, comme événement et comme durée chez Pétrarque
  • « Les maux qui naissent dans les cités » : le moteur politique de la narration politique dans les Istorie fiorentine de Machiavel
  • La peste n’y fait pas événement : on s’en souvient, mais on ne la raconte pas
  • « Durant cette période eut lieu la peste mémorable, si éloquemment évoquée par Boccace, qui fit plus de quatre-vingt seize mille morts »
  • Nel corso del qual tempo : écrit-on aujourd’hui l’histoire différemment ?
  • Pour la pestis des Anciens comme pour Yersinia pestis des Modernes, l’épidémie est son propre agent de périodisation
  • Présent, futur : les deux temps de la peste, ou l’introuvable passé (« chacun cherche des souvenirs pareils »)
  • Et pourtant, tout a changé : « Tu dois l’imaginer entièrement différente (tutta dissimile et diversa) de celle que tu as l’habitude de voir »
  • Comment la voir ? La peinture ne documente pas la peste, mais la peste transforme la peinture (Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne d’après la peste noire, 1951)
  • Le pharmakon de la peste, ou la Renaissance comme inflammation d’une dissemblance généralisée
  • Une lecture disciplinée, mais nullement déflationniste : l’after de Millard Meiss, décroché de toute idée de causalité (Giulia Puma, colloque du 22 juin 2021)
  • Les limites de l’imagination : sur les pas de Machiavel à Florence, suivant « la peste chevauchant sa monture
  • Percer le silence des ragionamenti ciompeschi
  • Les fossoyeurs chantent Ben venga il morbo et Domenico Barlacchi, le crieur de la commune, joue à l’acteur comique
  • Dans les églises, des prêtres lubriques et de belles affligées
  • Quand le vieux Machiavel tente de consoler une jeune veuve
  • Statue antique et blason du corps féminin (Maria de las Nieves Muniz Muniz, La descriptio puellae nel Rinascimento: percorsi del topos fra Italia e Spagna, 2018)
  • Le noir, l’oubli : « je la suivis, au contraire, jusque chez elle, où elle renferma mon pauvre cœur avec elle »
  • « Morceau sensuel, triste, qui sent le vieillard et l’effort », écrit Michelet. Mais qu’a vu Machiavel ?
  • Ce qu’il a vu ? Il a vu la possibilité d’un « il y aura une fois »
  • « Si je pouvais formuler un souhait, ce serait celui de posséder non pas la richesse ou la puissance, mais la passion de la possibilité ; j’aimerais avoir cet œil qui, éternellement jeune, brûlerait éternellement du désir de voir la possibilité » (Kierkegaard cité par Ernst Bloch dans Le Principe Espérance, 1944-1959)