Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Le second cours intitulé « La barrière intestinale : rupture, invasion et destruction inflammatoire par les pathogènes » avait été initialement prévu comme une revue relativement exhaustive des diverses stratégies employées par les bactéries et les virus pour traverser, de manière plus ou moins « bruyante », l’épithélium et la muqueuse intestinale, ce que l’on appelle des pathogènes entéro-invasifs. Comme ce point avait déjà été traité en partie lors des cours 2008-2009, j’ai préféré recentrer cette présentation sur des données très récentes mettant en évidence une symbiose beaucoup plus profonde que prévue entre les mammifères et leur microbiote intestinal, le processus symbiotique s’effectuant via la translocation de bactéries ou de motifs bactériens (pathogen-associated molecular pattern ou PAMP) comme l’endotoxine ou les muropeptides, des fragments du peptidoglycane, le mur bactérien. Ce concept de « translocation bactérienne physiologique » s’avère jouer un rôle essentiel au niveau local dans la maturation de la vascularisation et de son système immunitaire, par exemple, mais elle module aussi la maturation du système immunitaire périphérique. De plus, et de manière jusqu’à présent non appréciée, cette translocation bactérienne semble jouer un rôle majeur dans le métabolisme, particulièrement dans la résistance à l’insuline qui, si elle n’est pas régulée, peut conduire à l’obésité et au diabète. Un des mécanismes principaux en serait l’accumulation de produits bactériens dans la masse lipidique mésentérique, y causant une inflammation elle même cause du dysfonctionnement des adipocytes. Nous ne sommes qu’au début de l’observation de ces aspects inattendus de la symbiose homme-microbes. Il semble en effet que la présence d’un microbiote soit essentielle, par exemple, au maintien à niveau des mécanismes immunitaires de défense anti-infectieuse, aux phases tardives de maturation du système nerveux central, avec des conséquences possiblement notables sur son fonctionnement et sur le comportement. C’est peut être la diminution de l’intensité de cette symbiose depuis plusieurs décades, du fait de l’hygiène, de la vaccination et des antibiotiques qui donne lieu à l’émergence de nouvelles pathologies, en particulier dysimmunitaires (atopie, asthme, maladies inflammatoires de l’intestin, etc.). Les bases rationnelles de l’« hypothèse hygiéniste » commencent donc à se dessiner...