Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

La quatrième leçon a décrit des expériences de comptage non-destructif de photons (QND). Elles sont basées sur la mesure des déplacements d’énergie lumineux (light-shifts) induits sur des atomes de Rydberg traversant un à un lacavité. Ces expériences, qui nécessitent une cavité de très grand facteur Q, illustrent de façon idéale les principes de la mesure en physique quantique. Elles ont permis d’observer pour la première fois les sauts quantiques de la lumière. L’acquisition d’information QND partielle sur le nombre de photons, combinée à une injection contrôlée de champ dans la cavité, a également permis de mettre en œuvre des procédures de rétroaction quantique (quantum feedback) stabilisant dans la cavité des états de Fock à nombres de photon prédéterminés. Les expériences de mesure QND de la lumière ont été citées dans la présentation faite par le comité Nobel pour justifier l’attribution du prix. Comme elles avaient fait l’objet de cours détaillés dans les années récentes (voir annuaire des années 2007-2008 et 2010-2011), elles ne seront que brièvement rappelées ici.

L’observation non-destructive de particules de lumière n’est pas un processus aisé à mettre en œuvre. La leçon a rappelé que la détection usuelle de photons par effet photo-électrique détruit les particules lumineuses. Pour les mesurer « in vivo », il faut utiliser des atomes non résonnants et exploiter l’effet dispersif des déplacements induits par la lumière sur les atomes. Le dispositif expérimental combinant une cavité de très grande qualité (durée de vie d’un photon de l’ordre d’un dixième de seconde) avec un jet d’atomes de Rydberg circulaires extrêmement sensibles aux microondes est idéal pour effectuer cette détection QND d’un champ quantique. L’expérience utilise l’interféromètre de Ramsey décrit à la troisième leçon. Les atomes, préparés par une impulsion microonde R₁ dans une superposition d’états e et g à l’entrée de la cavité piégeant les photons acquièrent un dipôle électrique tournant à la fréquence de la transition atomique. Lorsqu’ils traversent la cavité C, ces dipôles sont déphasés d’un angle proportionnel au nombre de photons. Ce déphasage est mesuré par l’interféromètre complété par une seconde impulsion R₂ appliquée aux atomes à la sortie de C avant qu’ils ne soient finalement détectés par ionisation. L’appareil peut être vu comme un piège à photons combiné à une horloge à atomes de Rydberg retardée (ou avancée) d’une quantité proportionnelle au nombre de quanta lumineux contenus dans le piège.