Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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Stèle funéraire de Katumuwa, Zincirli, VIIIe siècle av.n.è. OIMP 37. In Remembrance of Me: Feasting with the Dead in the Ancient Middle East (éd. V.R. Herrmann, J.D. Schloen), Chicago, The Oriental Institute, 2014.

Résumé

La pratique consistant à nourrir, à intervalles plus ou moins réguliers, les défunts d’une famille est bien documentée dans l’ensemble du Proche-Orient ancien. Plusieurs données, tant archéologiques que textuelles, attestent que cette pratique représentait également un élément important du culte funéraire en Israël à l’époque royale (préexilique). Selon une thèse classique, cette pratique aurait été progressivement abandonnée après l’exil, en lien avec l’émergence du monothéisme yahviste. Cette thèse semble appuyée par certains textes, mais elle est également contredite par d’autres données, qui montrent au contraire une continuation de la pratique consistant à nourrir les morts bien après l’exil. Se pose alors la question de savoir comment expliquer cette contradiction apparente. Jusqu’à présent, cette question n’a guère reçu de réponse satisfaisante. Si certains travaux récents, notamment américains (M. Suriano, K.M. Sonia), estiment à juste titre la thèse classique trop rigide, ils ne proposent pas pour autant d’interprétations permettant d’expliquer la coexistence de vues contradictoires sur l’alimentation des défunts.

Dans cette conférence, on commencera par reprendre les principaux éléments composant ce dossier. On proposera ensuite une explication nouvelle, qui repose sur la distinction entre deux conceptions du culte funéraire et, plus largement, des rapports aux morts. Si la pratique consistant à nourrir les morts n’a jamais été véritablement abandonnée ni rejetée, c’est la conception même des morts qui a été progressivement transformée. On s’interrogera pour finir sur les ressorts et les enjeux de cette transformation dans une perspective d’histoire des religions comparée.