Publié le 14 avril 2023
Actualité

Hommage à Monsieur Marc Orange

Marc Orange, ancien directeur scientifique de la bibliothèque et du centre d'études coréennes du Collège de France, est décédé fin février 2023. Il lui est ici rendu hommage.

Marc Orange

Ancien directeur de l’institut des études coréennes (1992-2002) et figure des études coréennes en France.

Le centre d’études coréennes (anciennement Institut des études coréennes) vous informe du décès de M. Marc Orange, ingénieur de recherche au CNRS, survenu fin février 2023, et partage sa profonde tristesse avec les collègues et personnels du Collège de France qui ont connu et apprécié ses qualités humaines et professionnelles. En collaboration étroite avec le professeur Li Ogg (1928-2001), premier directeur du centre d’études coréennes du Collège de France (1970-1994), puis, en lui succédant, il occupa une dizaine d’années (1992-2002) la direction du centre de recherche au 5e étage du site Cardinal Lemoine. Il contribua à faire vivre deux importantes collections dédiées aux études sur la Corée : les « Cahiers » et « Mémoires » de l’Institut d’études coréennes. Il organisa également quelques événements académiques internationaux prenant la littérature coréenne pour sujet, dont il était spécialiste. La charge qu’il assura avec sérieux et diligence au Collège de France couronnait une carrière déjà riche qui débuta au début des années 1970 au CNRS, à une époque où les études coréennes étaient une spécialité nouvelle dans les institutions académiques, universitaires et de recherche. Il y joua un rôle pionnier avec les rares spécialistes de sa génération, les professeurs Li Ogg et Daniel Bouchez (1928-2014), en assurant notamment des charges de cours à l’université Paris 7 (entre 1971 et 2002) dont il contribua à former la génération de « coréanologues » actuellement dans la maturité de leur exercice dans le milieu académique français. La rigueur scientifique et la curiosité de Marc Orange furent tôt nourries de sa formation multiple en droit public (D.E.S en 1964 à la Faculté de droit de Paris), en langue chinoise (licence à la Sorbonne en 1967) et en littérature coréenne (doctorat de 3e cycle en 1970 à la Sorbonne). De plus, il mit sa passion pour la photographie au service de la mémoire des études coréennes en France et en Europe en couvrant de petits et grands événements académiques qui témoignent d’un développement rapide et remarquable des études en sciences humaines et sociales sur la Corée. Ses importants travaux de dépouillement des archives diplomatiques furent publiés en deux volumes dans les « Mémoires du l’Institut d’études coréennes » (Volumes VII-1 et VII-2), respectivement en 1987 et 2013, attestant sa constance et sa méticulosité. L’activité de Marc Orange au Collège de France sur le site Cardinal Lemoine date d’une époque où les études coréennes bénéficiaient d’un traitement particulièrement généreux de l’institution. Il accueillait toujours avec un sourire bienveillant le collègue, l’étudiant ou le visiteur étranger dans un vaste bureau offrant une vue imprenable sur le cinquième arrondissement. Outre les toits de la capitale, ses hôtes repartaient impressionnés par la grande peinture chamanique qu’il avait accrochée au mur donnant une couleur coréenne à un décor très parisien. Il n’est pas possible de rendre compte ici de toute la diversité des activités qu’il mena pour soutenir le développement d’études coréennes dont il fut un dévoué et infatigable acteur pendant un demi-siècle. La Corée du Sud lui attribua en 2013 le prix culturel Sejong pour l’ensemble de sa carrière. Sa gentillesse et son humour lui valurent de développer un vaste réseau d’amitié en France, en Corée du Sud et en Europe. Aussi n’est-ce pas seulement comme collègue, mais également comme ami cher que nous lui rendons hommage.

Yannick Bruneton, directeur du centre d’études coréennes du Collège de France,
Paris, le 3 avril 2023.