Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

Résumé

Peut-on échapper à la censure et à l’autorité en se « réalisant sexuellement », ou en en parlant librement ? En 1975, au moment où Pier-Paolo Pasolini écrivait son poignant « j’abjure la Trilogie de la vie », Michel Foucault mettait en doute cette « l'hypothèse régressive ». C’est dans ce contexte d’une libération sexuelle à la fois affirmée et désenchantée que doit être compris le succès public du Montaillou d’Emmanuel Le Roy Ladurie. Mais une relecture des registres de Jacques Fournier, en regard des fabliaux et autres contes érotiques issus de la révolution narrative de Boccace, permet de reconsidérer les rapports entre violence et dérision et, partant, de redéfinir la portée politique de ces révoltes de l’obscène.

Sommaire

  • Indovarsi (Dante, Paradis, 33e chant), retour sur la copulatio entre acte de pensée et expérience amoureuse
  • « Pourquoi réaliser une œuvre alors qu’il est si bon de la rêver seulement ? » : lorsque Pasolini interprète Giotto dans son Decameron (1971)
  • Les deux étymologies de l’obscène (Nelly Labère dir., Obscène Moyen Âge ?, Paris, 2015)
  • Mettre le derrière devant (Yasmina Foehr-Janssens, « Pour une littérature du derrière : licence du corps féminin et stratégie du sens dans les trois premiers récits des Cent Nouvelles nouvelles », dans Jean-Claude Mühlethaler et al (dir.), “Riens ne m’est seur que la chose incertaine”: études sur l’art d’écrire au Moyen Âge offertes à Eric Hicks par ses élèves, collègues, amies et amis, Genève, 2001)
  • Le Decameron (1971), les Contes de Cantorbury (1972) et Les Mille et Une Nuits (1974) ou la Trilogie de la vie de Pasolini : ce que peuvent les contes, ce que peut le corps
  • Io sono una forza del passato : Pasolini et le Moyen Âge « insouciant et existentiel, coloré et pouilleux » (Tommaso di Carpegna Falconieri, Médiéval et militant. Penser le contemporain à travers le Moyen Âge, Paris, 2019)
  • « J’ai devant moi — peu à peu sans autre alternative — le présent » (Pier Paolo Pasolini, « J’abjure la Trilogie de la vie », Corriere della Sera,  novembre 1975)
  • Vies parallèles : au même moment, Michel Foucault et « l’hypothèse régressive »
  • Libération sexuelle, identité sexuelle et « sexe-vérité »
  • « Au fond, les matins gris de la tolérance n’enchantent personne, et nul n’y pressent la fête du sexe » (Michel Foucault en 1977, à propos de Comizi d’amore (1966) de Pasolini)
  • Toujours au même moment, sur le plateau d’Apostrophes (5 décembre 1975) : la grivoiserie comme acceptation sociale de l’obscénité
  • Le succès éditorial de Montaillou et les hantises de l’identité, « ce monde que nous avons perdu »
  • Carnaliter cognoscere : domination sociale et domination sexuelle (Emmanuel Le Roy Ladurie, Montaillou village occitan, 1294-1324, Paris, 1975)
  • La « libido des Clergues » et la liberté de Béatrice de Planissoles
  • L’adultère comme délit féminin et le concubinage comme délit masculin (Didier Lett, Crimes, genres et châtiments au Moyen Âge. Hommes et Femmes face à la justice (XIIe-XVe siècle), Paris, 2024)
  • Les fabliaux, « contes d’adultère » (Philippe Ménard, Les Fabliaux, contes à rire du Moyen Âge, Paris, 1983)
  • Déjà dans Le Jeu de la feuillée d’Adam de la Halle (1276) : dégoût, folie, folklore
  • « Faire l’amour » et « faire la cour » : les amants de Montaillou
  • La vie sexuelle des jeunes mâles : prostitution et violences sexuelles
  • Un viol à Dijon en 1431 : « Interrogée si, en ce faisant, elle prit du plaisir. Dit que non » (Nicole Gonthier, « Les victimes de viol devant les tribunaux à la fin du Moyen Âge d’après les sources dijonnaises et lyonnaises », Criminologie, 1994)
  • Masan et foten ayshi co nos : l’effraction linguistique de l’obscène dans les registres de Jacques Fournier (Natalie Zemon Davis, « Les conteurs de Montaillou », Annales ESC, 1979)
  • L’extension du champ de l’hérésie à tous les comportements déviants
  • Le crime contra naturam : sur le retour actuel de l’hypothèse régressive (Fanny Bugnon et Pierre Fournié, Le Sexe interdit. La sexualité des Français et sa répression, Paris, 2022)
  • La répression contre les sodomites : distinctions de genre et discontinuité des pratiques (Ruth Mazo Karras, Sexuality in Medieval Europe: Doing unto Others, Londres, 2005)
  • Entre Orient et Occident, à la recherche du corps lesbien (Sahar Amer, Crossing Borders: Love Between Women in Medieval French and Arabic Literatures, Philadelphie, 2008)
  • « Elle lui fit ce qu’un homme doit faire à une femme » : Jehanne, Laurence et la justice du roi en 1405 (Emily J. Hutchison et Sara McDougall, « Pardonable Sodomy: Uncovering Laurence’s Sin and Recovering the Range of the Possible », Medieval People, 2022)
  • Quand les marges tiennent la page : une discontinuité continue (Michael Camille, « Obscenity under Erasure: Censorship in Medieval Illuminated Manuscripts », dans Jan M. Ziolkowski dir., Obscenity: Social Control and Artistic Creation in the European Middle Ages, Leiden, 1998)
  • Les révoltes de l’obscène contre la culpabilisation généralisée : le désir d’enfer dans Aucassin et Nicolette
  • « Contes à rire », mais de quoi et avec qui ? (Camille Brouzes, « Comique et violences sexuelles dans les fabliaux et les pastourelles du Moyen Âge : quels outils d’analyse ? », dans Malaises dans la lecture)