Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

L'hygiène pasteurienne et la lutte contre les maladies infectieuses ont largement contribué depuis 1900 à l'augmentation de l'espérance de vie. D'à peine 45 ans pour les hommes en 1900, nous sommes passés à plus de 75-77 ans au début de années 2000. L'espérance de vie des femmes dépasse maintenant 85 ans. Les agents anti-infectieux ont largement contribué à cette évolution avec des outils simples au début du 20e siècle, puis de plus en plus sophistiqués au fur et à mesure du développement des recherches. La découverte et l'identification des microbes (Pasteur, Koch et al.) ont devancé la préparation par Paul Ehrlich (prix Nobel 1908) des premières molécules antiparasitaires, l'atoxyle et le salvarsan, capables de tuer le trypanosome, le parasite responsable de la maladie du sommeil. Cette découverte sera suivie de celle des sulfamides (ex. prontosil) par Gerhardt Domagk (prix Nobel 1939) dont Jacques Tréfouël (Institut Pasteur, Paris) démontrera que l'espèce active est un métabolite de type sulfonamide. En 1937, une formulation du prontosil aux États-Unis avec de l'éthylène glycol tue 76 personnes. Ce désastre sera à l'origine de la création de la FDA (Food and Drug Administration). L'observation de Fleming en 1928 à l'hôpital Saint Mary de Londres de l'inhibition de la croissance bactérienne par le champignon Penicillium notatum sera à l'origine de la découverte des antibiotiques. Il faudra les travaux de Florey et Chain de 1939 à 1944 pour mettre au point l'extraction, la purification et la production industrielle de la pénicilline faite dans le cadre d'un consortium impliquant Eli-Lilly, Park-Davis et Merck. La structure de la pénicilline, établie par Dorothy Hodgkin (prix Nobel 1964) mettra en évidence le rôle clé du motif b-lactame dans l'activité biologique de cette série d'antibiotiques. De 1945 à 1970, ce sera la course à la recherche de nouvelles souches de champignons ou d'autres microorganismes ayant la capacité à inhiber la croissance bactérienne. Cet âge d'or de la recherche antibactérienne va permettre de construire tout l'arsenal d'antibiotiques efficaces dont nous disposons à ce jour (céphalosporines, etc.). Nous bénéficions de plus de 120 antibiotiques actuellement pour traiter les infections bactériennes et mycobactériennes. Est-ce trop ou pas assez ? En fait nous n'avons pas découvert de nouvelles classes d'antibiotiques depuis longtemps et notre arsenal actuel s'épuise : de nombreuses souches bactériennes deviennent multi-résistantes. Il est à craindre que ce phénomène se développe de manière importante au cours des prochaines années. Nous avons déjà plus de 4 000 décès liés aux infections nosocomiales dans les hôpitaux en France chaque année, chiffre plus élevé que les décès sur les routes (moins de 3 400 décès en 2013). Qu'avons-nous pour lutter contre ces bactéries multi-résistantes ? Cette question a été abordée après avoir regardé les principaux mécanismes d'action des différentes classes d'antibiotiques et la façon dont la résistance s'installe chez les bactéries. En 1960, seulement 10 % des staphylocoques étaient résistants à la pénicilline-G, aujourd'hui c'est 100 %.