

On croyait la métaphysique dépassée, voire morte ? Claudine Tiercelin n’a pour sa part jamais cessé d’en défendre la possibilité en construisant une métaphysique scientifique réaliste, héritière du pragmatisme américain et de la tradition rationaliste française.
Elle démontre que cette entreprise demeure même indispensable pour pouvoir parler de « vérité » et de « raisons ». La métaphysique doit néanmoins, aujourd’hui, relever de nouveaux défis : ne pas sombrer dans les excès du modalisme, se garder du risque scientiste et éviter les intrusions de la théologie.
Vaste programme, donc, que de rendre à la métaphysique à la fois sa légitimité et ses armes, tout en nous invitant à puiser dans la philosophie des forces pour continuer de respirer.
Claudine Tiercelin est philosophe, professeure émérite au Collège de France, où elle a été titulaire de la chaire Métaphysique et philosophie de la connaissance de 2010 à 2025. Elle est membre de l’Académie des sciences morales et politiques et de l’Academia Europaea.
Les modalités, l’essentialisme et les nouveaux défis de l’épistémologie modale
Le risque scientiste
Métaphysique et théologie : une porosité grandissante ?
Conclusions
Notes
« J’ai toujours pensé que devaient être menées de front réflexion métaphysique, sur la nature des choses et de leurs propriétés, et réflexion épistémologique, sur la nature et les modalités de leur connaissance. M’attardant davantage sur l’aspect épistémologique du défi, dans le prolongement des analyses que j’avais conduites dans Le Doute en question. Parades pragmatistes au défi sceptique, j’ai expliqué, notamment dans La Connaissance métaphysique, ouvrage issu de ma leçon inaugurale, ou dans mon livre de 2011 (réédité en 2023) Le Ciment des choses, comment, en associant métaphysique et philosophie de la connaissance, et en adoptant les principes d’une enquête rationnelle, aussi légitime qu’indispensable, il était possible de préciser les méthodes et les critères de validation distinctifs de ladite “connaissance métaphysique”.
Mais durant ces quinze dernières années, de nombreuses évolutions se sont produites dans le champ même de la philosophie de la connaissance comme dans celui de la métaphysique contemporaine, et il fallait bien sûr en tenir compte, d’autant plus que certaines d’entre elles se présentent vraiment comme de nouveaux défis. C’est donc surtout de cela que je voudrais vous entretenir. »