Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Yang Xiong (53 av. J.-C.-18), le sujet de ma conférence, a consacré l’essentiel de son début de carrière à décrire en détail le faste des lieux traversés par la cour lors des chasses impériales et des déplacements en province. Dans ses œuvres de la maturité, il a tourné son attention vers un autre espace de la représentation : les Classiques ; à la fois refuge pour l’imagination dans laquelle il trouvait du réconfort et fondation pour la réforme (réforme politique aussi bien que redéfinition de soi). Plus qu’aucune autre figure dans l’histoire pré-Song [1], c’est Yang Xiong qui a défini les idéaux associés à l’idée de l’« érudition classique », la culture du livre et de la lecture dans la Chine des premiers temps, pour les générations suivantes (qu’elles en soient conscientes ou non). Une grande partie de l’œuvre de Yang présente une série de préceptes défendant l’intelligibilité des Classiques et néoclassiques ainsi que la sublime utilité des modèles qui en sont tirés. Ce qu’offrent ces textes de référence, aux yeux de Yang, c’est le moyen (qui a passé l’épreuve du temps) de prendre contact avec les Anciens à travers une immersion qui encourage à adopter une vie de simplicité et de contentement. C’est ainsi qu’on est conduit à renoncer à consacrer son temps à l’acquisition incessante d’une connaissance toujours parcellaire, afin de se lancer dans une entreprise ardue de développement de soi, requise par l’émulation de la véritable grandeur. De cette manière, Yang prépare directement ses lecteurs pour Tao Qian, Ge Hong et Li Qingzhao, auteurs qui se réfugient dans l’idée du charme de la culture livresque quand ils sont confrontés aux difficultés de la dure réalité.

Références 

[1] Selon David R. Knechtges, « The Liu Xin/Yang Hsiung correspondence », Yang serait arrivé à la cour des Han aux alentours de 22 av. J.-C. Liu Xiang est son contemporain (un peu plus âgé) et rival.

[2] Voir Marc Kalinowski, « La production des manuscrits dans la Chine ancienne : Une approche codicologique de la bibliothèque de Mawangdui », Asiatische Studien/Etudes asiatiques, 57 (2003.4), 849-80.

[3] Cela semble être le titre donné par Yang à ce que nous appelons de nos jours Fangyan 方言 (habituellement appelé « Mots dialectaux » ou « Mots corrects »).

[4] Pour le résumé, voir (dans l’ordre) FY 1/9 ; FY 3/14 ; FY 2/12-13 ; 5/26.

[5] FY 7/1 suggère que l’étude des Classiques permet de fugaces aperçus de lieux et de temps qui sont trop éloignés pour être pleinement saisis (et en sont d’autant plus précieux), faisant de l’étude des Classiques un grand plaisir. Il est intéressant de noter qu’un récent article dans la section « Science Times » du New York Times dit que ce que notre imagination nous fait « voir » affecte nos connexions neurales de manière aussi substantielle que ce que nos yeux nous permettent de percevoir. Voir aussi FY 12/12, qui parle des transformations des sages telles qu’elles sont conservées par écrit.

[6] FY 13/27.