Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Pour mieux faire comprendre l’hostilité d’Abélard tant au nominalisme « vocaliste » (Roscelin) qu’à plusieurs formes extrêmes de réalisme (G. de Champeaux), on a précisé sa théorie du dictum [11], ou « quasi-res propositionis » (ni une chose, ni une intellection, sans être non plus rien du tout), puis le concept de status (pas davantage « une chose », ou une « essence »), ce qui ne les empêche pas d’être tous deux au fondement de la vérité et de la réalité, car ils sont ce qui cause l’imposition de nos universels. Originalité et fécondité d’une telle approche davantage « non réaliste » , que nominaliste [12], permettant d’envisager une sémiotique authentiquement « réaliste ». Puis on a détaillé les principes de la Grammatica Speculativa. Pour les modistes (Jean et Boèce de Dacie, Thomas d'Erfurt, Duns Scot), il faut procurer à la grammaire l’universalité requise par toute science (Aristote) et absente des langues particulières. Si les modes de signifier (modi significandi), qui déterminent les règles de la constructibilité des parties du discours, la grammaticalité (ou rection) et la complétude des phrases [13], se manifestent au niveau du langage, leurs racines se prolongent dans la psychologie et l’ontologie. Il y a une homologie entre les modes d’être (modi essendi), les modes de connaitre modi intelligendi) et les modes de signifier (modi significandi), qui donne sa cohérence au système. De plus, les mots signifient les choses, même si les idées sont médiatrices entre les uns et les autres. Ainsi, tout en ayant sa consistance propre, le langage, au-delà des langues particulières, est universel par sa connexion intime avec la pensée et l’être. Hiérarchisation intéressante qui permet de parler d’un « réalisme propositionnel » [14] : le mode de signifier des parties du discours dépend du mode d’être des choses et de leur mode d’intellection.

Références