Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Le cours a commencé par décrire la façon dont l'armée était organisée. L'existence d'une hiérarchie à quatre niveaux est désormais confirmée : on rencontre d'abord le « général » rabi Amurrim (noté par l'idéogramme UGULA MAR.TU), puis venait le « colonel » rabi haṭṭim (noté UGULA GIDRI, autrefois lu « PA.PA »), ensuite le « lieutenant » laputtûm (NU.BANDA₃) et enfin le « simple soldat » rêdûm (AGA.ÚS). Bien entendu, nos traductions sont purement conventionnelles. Certains textes montrent qu'un corps d'armée comptait environ 350 hommes : 1 général, 3 colonels, de 8 à 14 lieutenants et 315 à 337 soldats. D'autres titres en relation avec l'armée existent, comme celui de šâpir rêdê qui semble désigner une sorte de « généralissime ». La place et le rôle de l'abi ṣâbim restent difficiles à déterminer. Quant au mu'errum, c'était bien le chef d'une assemblée-puhrum, comme l'indique la notation idéogrammatique de ce titre (GAL.UKKIN.NA).

Le Code de Hammu-rabi montre que les personnes qui accomplissaient un service-ilkum pour le roi avaient droit à ce qu'on appelle une « tenure » (en babylonien, ṣibtum) ; elle pouvait se composer d'une maison, d'un jardin et d'un champ. Les bénéficiaires sont décrits avant tout comme des soldats, mais il est aussi question de marchands ou de religieuses-nadîtum. Un certain nombre de procès permettent de voir à quel point l'ilkum était devenu héréditaire dans le royaume de Babylone sous les successeurs de Hammu-rabi : on est passé d'un système dans lequel le roi attribuait la jouissance d'une terre en rémunération d'un service rendu à un système dans lequel l'ilkum était ressenti comme une charge qui grevait une terre transmise héréditairement. Le Code de Hammu-rabi excluait explicitement qu'un individu puisse se faire remplacer. Sous Abi-ešuh, les archives d'Ubarum montrent une distinction entre le « titulaire » (lit. qaqqad rêdim), à savoir Ubarum, et son « remplaçant » (tahhum), qui n'était autre que son frère Ili-iqišam. L'existence des remplaçants était officiellement reconnue à l'époque, puisque les autorités accédèrent à la requête du remplaçant d'Ubarum lorsqu'il exigea, comme rétribution de ses services, une part de la tenure de son frère. Des textes administratifs montrent comment étaient gérées les terres attribuées aux soldats. Enfin, quelques dossiers de taille limitées permettent d'avoir des informations sur le statut de certains militaires : on peut faire à leur sujet ce qu'on appelle aujourd'hui de la micro-histoire.