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Il est indiscutable que l’œuvre de Dôgen, et tout spécialement le Shôbôgenzô 正法眼蔵, ou Réceptacle de l’œil de la Loi correcte, qui a fait l’objet du cours de cette septième année, constituait l’un des sommets de notre enquête ; la raison devrait en être évidente : on trouverait en effet difficilement dans la littérature japonaise, religieuse ou non – voire dans la littérature en général avant certains romans du XXe siècle – une œuvre où la langue elle-même soit à la fois le moyen et la matière d’une véritable pratique méditative. Le Shôbôgenzô se présente avant tout comme une singulière énigme linguistique, il est en lui-même, pourrait-on dire, un « cas » de méditation, un kôan, ou kosoku. La diversité des traductions qui en ont été tentées dans les langues occidentales montre à quel point le sens nous en échappe encore. Non pas le sens littéral, ni les allusions innombrables, ni les citations textuelles qui y fourmillent. Le travail de plusieurs générations de chercheurs industrieux nous a livré, et nous livre encore, et à l’avenir aussi assurément, de précieuses indications qui ne peuvent qu’affiner notre compréhension de sa démarche textuelle, mais l’énigme demeure, une énigme si grande que l’un des meilleurs spécialistes japonais du bouddhisme chinois a pu dire un jour que Dôgen prononçait ses sermons en état d’ébriété. C’était bien sûr une boutade, mais une boutade qui reflète bien la perplexité de ceux qui se plongent dans la lecture du Shôbôgenzô.

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