Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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La littérature islandaise révèle un goût prononcé pour la polysémie et l’ambiguïté. C’est en partie dû à la pratique de la poésie scaldique, riche en allusions littéraires et en jeux sur le double sens des vocables. Cette ambiguïté apparaît également dans les sagas, aussi bien dans les dialogues, volontiers laconiques et vagues, que dans les motivations des personnages, souvent obscures. Si les sagas se présentent comme des récits sur le passé, elles ne se prononcent pas sur la véracité des faits racontés. Mi-histoire, mi-fiction, elles semblent avant tout avoir été composées pour être lues à voix haute devant un public auquel un effort certain d’interprétation est demandé. Cette attitude littéraire est également influencée par les pratiques exégétiques du christianisme médiéval. Le résultat donne une littérature narrative qui explore le caractère équivoque des rapports humains. En même temps, ces récits sont fortement redevables d’une tradition poétique, celle des scaldes, qui pousse très loin le travail sur le signifiant. Le quatrième et dernier cours traitera d’une poétique de l’ambiguïté qui caractérise les plus grandes sagas, dont La Saga d’Egill et La Saga de Grettir. Leurs personnages principaux sont des poètes et une solution possible à l’énigme qu’ils présentent apparaît en étudiant la matérialité de leur langue, ainsi que de celle des auteurs des­­ sagas qui les mettent en scène.