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Du jansénisme au modernisme : La Bulle Auctorem fidei (1794), pivot du magistère romain ?

Illustration colloque

Colloque des 24 et 25 novembre 2016 à l'ENS

Placée entre la Constitution civile du clergé et le Concordat, Auctorem fidei avait toute la palette pour colorer le crépuscule de la querelle janséniste, pour lui donner son aspect « fin de siècle ». Même si l’on défend la conception couramment reçue d’un jansénisme du XVIIIe siècle, né de la contestation de l’Unigenitus et symboliquement clos par cette bulle de 1794, on peut s’interroger sur le pôle habituellement placé en 1713. Auctorem fidei n’est-elle que la réplique, au sens sismique du terme, du « choc » de l’Unigenitus ?

Auctorem fidei dépasse aussi la simple question du jansénisme, notamment en raison de la postérité qu’a connue ce texte. Les interprètes romains ou ultramontains ont conféré à cette condamnation une autorité durable et une portée plus générale que les circonstances ponctuelles de sa rédaction. En 1850, le futur cardinal Villecourt, polémiste intransigeant, traduit et diffuse le texte de l’autre côté des Alpes. Philippe Boutry montre ainsi que la Bulle quitte alors le domaine strict de la querelle janséniste pour apparaître comme « le “chaînon manquant” entre les textes pontificaux du XVIIIe siècle et l’encyclique Mirari vos » de Grégoire XVI portant condamnation des thèses de Lamennais, en particulier de l’indifférentisme.

Aussi ce document souvent ignoré représente-t-il « un tournant fondamental dans l’élaboration de la théologie intransigeante du premier XIXe siècle ». Auctorem fidei remet en cause une périodisation trop clivée entre l’obsession du jansénisme (XVIIe et XVIIIe siècles) et la traque du relativisme et du modernisme (XIXe et XXe siècles) ; la Bulle peut apparaître comme un document de transition.