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Prendre la mesure du processus actuel de déstabilisation des cadres institutionnels à l'échelle du monde suppose un minimum de rigueur terminologique, que n'autorise pas la notion aussi vague que trompeuse de "globalisation". La langue française offre, avec la distinction qu'elle autorise entre globalisation et mondialisation, le moyen de mettre un peu de rigueur dans ce débat. Mondialiser, au sens premier de ce mot (où « monde » s'oppose à « immonde », comme « cosmos » s'oppose à « chaos »), consiste à rendre humainement vivable un univers physique : à faire de notre planète un lieu habitable. Autrement dit, mondialiser consiste à maîtriser les différentes dimensions écologique, sociale et culturelle du processus de globalisation. Et cette maîtrise requiert en toute hypothèse des dispositifs de solidarité, qui articulent la solidarité nationale aux solidarités locales ou internationales. Si le contexte dans lequel elle se posent est radicalement nouveau, ces questions ne sont pas en revanche d'une nature différente de celles qui ont pu être soulevées dans des périodes historiques précédentes. A la fois proche et déjà éloignée de nous, la seconde révolution industrielle a vu se conjuguer des innovations techniques et des bouleversements politiques, obligeant à poser à nouveaux frais la question de la justice entre les hommes et des moyens de sa réalisation. De ce précédent nous pouvons essayer de tirer non des recettes, mais au moins des leçons. L'œuvre de Simone Weil peut ici servir de guide, aussi bien dans son exceptionnelle lucidité que dans ses errements. Animée par des questions de tous les temps, cette œuvre fulgurante est aussi nourrie de l'expérience ouvrière, politique et syndicale de son temps. Ouvert à tous dans la seule limite des places disponibles, le Colloque organisé les 12 et 13 juin 2017 au Collège de France aura donc pour objet d'explorer les vertus heuristiques de la distinction entre mondialisation et globalisation, dans un dialogue avec cette œuvre.

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