Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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La période de l'entre-deux-guerres fut marquée dans l'assyriologie française par une assez grande continuité par rapport aux années antérieures à 1914. Cette absence de rupture est due tout d'abord au fait que l'on retrouve, en bonne partie, les mêmes acteurs après la guerre qu'avant. À l'EPHE, les enseignements de Scheil à la IVSection et de Fossey à la Ve se poursuivirent. En 1934, Scheil dut passer la main : il aurait aimé que Georges Contenau prenne sa suite, mais ce fut René Labat qui fut élu. En 1938, Fossey put avoir le successeur de son choix en la personne de Jean Nougayrol. Pendant la même période, Fossey continua son enseignement au Collège de France. Il y constitua une bibliothèque qui fut inaugurée en 1937 et qui reste aujourd'hui encore un des lieux de recherche en assyriologie les plus riches au monde. Il créa également un outil de recherche collectif sous forme d'un « fichier de lexicographie ». Il indiquait en 1939 : « Le professeur et deux de ses élèves, aujourd'hui directeurs d'études à l'École des hautes études, MM. Labat et Nougayrol, ont réussi à faire comprendre à leurs auditeurs la nécessité du travail en équipe. La tradition est créée. Il s'agit maintenant de la continuer et de recruter sans cesse de nouveaux collaborateurs ». La Deuxième Guerre mondiale a malheureusement cassé cet élan. La période de l'entre-deux-guerres fut une période des plus prospères pour l'assyriologie au département des Antiquités orientales du Louvre :la série des TCL, qui comptait trois volumes en 1912, en vit paraître dix-sept entre 1920 et 1937, soit en moyenne un ouvrage par an.

Alors que les conditions de travail restèrent relativement stables en France, d'importants changements affectèrent les recherches archéologiques sur le terrain : le contexte international était bien différent de ce qu'il était avant la guerre, à la suite du démembrement de l'Empire ottoman. Il faut séparer nettement deux zones d'influence, celle des Anglais en Irak et celle des Français en Syrie et au Liban. En Irak, les Anglais s'étant emparés du site de Kiš, Genouillac reprit la fouille de Tello de 1929 à 1931. Il passa ensuite la main à André Parrot ; mais ce dernier, à l'instigation de Thureau-Dangin, se transporta rapidement à Larsa, où il ne put toutefois mener qu'une campagne. En effet, la nouvelle loi des antiquités mit fin au partage des objets entre l'Irak et les fouilleurs. Les musées qui finançaient des fouilles décidèrent d'arrêter leurs travaux ; la mission anglo-américaine d'Ur s'arrêta également en 1933.