Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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L’apprentissage du langage relève-t-il d’une statistique similaire ? Sur le plan prosodique et phonologique, le bébé apprend extrêmement rapidement les propriétés de sa langue maternelle. Même les nouveau-nés de quelques jours préfèrent écouter des phrases dans leur langue maternelle – un apprentissage qui repose principalement sur les informations prosodiques lentes et de basse fréquence, et pourrait débuter in utero. Entre six et douze mois, les bébés détectent les catégories phonétiques de leur langue, et cessent de distinguer les contrastes qui ne sont pas pertinents pour eux (par exemple le contraste entre « r » et « l » pour des bébés japonais). Cet apprentissage repose clairement sur une estimation statistique de la distribution des phonèmes entendus. En effet, une distribution bimodale des traits phonétiques incite l’enfant à stabiliser deux catégories distinctes de phonèmes, tandis qu’une distribution unimodale le conduit à stabiliser une seule catégorie. Pour les voyelles, l’apprentissage se ferait avant six mois, voire même in utero. Cependant, une expérience récente montre que cet apprentissage n’est pas accéléré chez les enfants prématurés, bien qu’ils bénéficient de plusieurs mois supplémentaires d’exposition au langage. Des contraintes biologiques fortes encadrent donc la maturation des réseaux cérébraux du langage.

En ce qui concerne le lexique mental, les premières preuves d’une reconnaissance des mots parlés sont observées très tôt au cours de la première année de vie, bien avant la production des premiers mots. À cinq mois, les enfants préfèrent écouter leur propre prénom plutôt que celui d’un autre enfant, même si celui-ci partage le même profil d’accentuation tonique. Exposés, pendant 10 jours, à 30 minutes d’histoires pour enfants, les enfants préfèrent écouter cette liste de mots déjà entendus plutôt qu’une liste de mots nouveaux.