Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

On avait terminé le cours précédent, en montrant comment, parmi les scolastiques, Peirce hésitait (ce qui n’est pas sans poser problème), dans son analyse du meilleur modèle des signes, entre les terministes et les modistes : or cela n’est pas, du moins à première vue, sans poser problème, car on sait que les treizième et quatorzième siècles ont vu s'opposer, sur le terrain des signes et de la signification, Terministes (Ockham) et Modistes (Boèce et Martin de Dacie, Raoul le Breton, Siger de Courtrai, Thomas d'Erfurt, etc.) et que l'une des conséquences du terminisme aura été précisément de « raser » ces entités jugées superflues que sont les modi significandi (principe fondamental de construction dans la grammaire des modistes). Mais on a surtout insisté à ce stade, sur ce qui pouvait l’attirer chez Ockham et sur ce qui constituait la force et l’originalité du Venerabilis Inceptor : une nouvelle définition de la logique ou encore le recours à l’instrument puissant de la suppositio, qui permet d’analyser la structure formelle du langage plutôt que d'hypostasier cette structure en une science de la réalité ou de l'esprit, son effort de dissocier les deux, même si la logique s’entendra plus comme une scientia rationalis que comme une scientia sermocinalis [6]. Surtout, avec Ockham, on peut désormais envisager les concepts eux-mêmes comme des signes et la pensée ellemême comme une « pensée-signe ». Car la pensée est structurée sur le mode d’un authentique langage naturel premier, d’un « discours mental », de cette « oratio mentalis », innovation qui anticipe maintes analyses contemporaines (voir l’hypothèse du « langage de la pensée » due à Jerry Fodor) [7].

Références