Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

La conception que Paul Valéry se fait du grand art est particulièrement élitiste : « Ce que tout le monde peut faire est exclu de la poétique » (12 décembre 1941). Elle suppose également une pensée biologique de l’histoire, avec un progrès et une décadence, et elle est formaliste : le grand art est une « forme pure », dont la perfection aurait été atteinte à la fin du XIXe siècle.

Depuis Valéry, cette idée que la littérature serait une forme a été remise en question : c’est entre autres ce changement de paradigme qu’aborde notre ouvrage, L’Adieu à la littérature (2005). Le XXIe siècle est bien plutôt le moment de l’âge démocratique ou politique de la littérature. Elle est considérée comme la voix des communautés, comme représentation politique de la diversité du corps social, comme une expression où chacun doit pouvoir trouver son porte-parole. On parle, on écrit au nom d’une classe, d’un groupe. On demande à la littérature d’être utile, d’apporter une consolation, de réparer le monde, comme le souligne Alexandre Gefen.

En 1966, Adorno avait su mettre en évidence des étapes de ce changement, en affirmant qu’il faut à l’art « quelque chose qui lui est hétérogène ». Face à la forme pure de Valéry se trouvait mis en valeur tout un travail de l’impureté, la volonté d’une hybridité permanente.

Or, c’est dès son vivant que Valéry connut des contestations de sa vision des choses. La cote de Valéry coïncide en effet avec la cote du paradigme formel de la littérature (ou bien avec la nostalgie de ce paradigme formel).