Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

En 1848, Ernest Renan abandonne la publication de L’Avenir de la science et entame la rédaction d’une thèse sur Averroès. Publié en 1852, Averroès et l’averroïsme forme une sorte de triptyque avec le De philosophia peripatetica apud syros, paru la même année, et la conférence sur L’islamisme et la science, publiée dans le Journal des débats, le 30 mars 1883. L’intérêt de Renan pour l’averroïsme ne se comprend bien qu’en liaison avec les préoccupations théoriques et pratiques exprimées dans L’Avenir de la science : le travail sur Averroès est le premier coup porté à ce qu’il appelle la « vieille philosophie ». La cible principale est moins « Ibn Roschd » lui-même, dont la « légende noire » est patiemment démontée, que l’averroïsme italien du xvie siècle, celui de l’École de Padoue, « philosophie de professeurs », promue au rang de paradigme d’une funeste « prolongation de la scolastique au coeur des temps modernes », dont seule l’alliance de la « science positive » et de la philologie peut délivrer l’homme et la société. Comme la scolastique, l’averroïsme a cependant deux visages : « insignifiant comme philosophie », il « acquiert un véritable intérêt historique, quand on l’envisage comme ayant servi de prétexte à l’indépendance de la pensée ». C’est cette « contradiction apparente » qui intéresse Renan. Averroès et l’averroïsme est en ce sens le manifeste de la conception renanienne de l’histoire, de ses méthodes et de ses objets. D’où la formule célèbre à mettre en perspective : « L’histoire de l’averroïsme n’est, à proprement parler, que l’histoire d’un vaste contre-sens ».