Presentation

Pendant des siècles, les femmes de science ont été invisibilisées, ignorées ou spoliées de leurs découvertes. Si le XXe siècle a vu évoluer la condition féminine en Occident, leur ouvrant l’accès aux études supérieures et aux métiers scientifiques, les femmes restent largement sous-représentées dans certains domaines des sciences et, d’une manière générale, dans la plupart des postes clés de la recherche et de l’ingénierie.

Multiplier les approches pour mieux saisir la portée de ce déséquilibre en analysant la place du genre dans la science et le genre comme objet de science, avancer des pistes concrètes pour favoriser la diversité dans les sciences et la représentation équitable de tous les talents, garantes de la continuité de l’innovation : tel est le propos de cet ouvrage qui réunit à cet effet les textes de chercheuses et de chercheurs de disciplines variées, de l’histoire à la biologie en passant par les mathématiques, l’informatique, la sociologie, le droit, l’économie et la philosophie.

Françoise Combes est professeure au Collège de France, titulaire de la chaire Galaxies et cosmologie.
ISBN
978-2-415-01332-5
Publication date
Language
français
Number of pages
384
Price
29.90 €
Distribution
Hachette Livre
Format
Édition imprimée

Table of contents

Françoise Combes, Patrick Boucheron, François Héran et Vinciane Pirenne-Delforge – Avant-propos

I. Inégalités liées au genre dans les sciences : études de cas

Pauline Martinot – Scolarisation et écarts de sexe en mathématiques dans les classes de CP et de CE1 en France

Yannick L’Horty – Les pénalités de genre à l’épreuve des tests par correspondance

Esther Duflo – La discrimination contre les femmes dans les sciences : une histoire (récente) inachevée

Françoise Waquet – Derrière chaque grand homme… Les collaboratrices familiales du travail scientifique

II. Approches historiques

Marie-Frédérique Pellegrin – Les femmes savantes sont-elles toujours ridicules ? Perceptions des sciences au féminin au XVIIe siècle

Antoine Lilti – Les droits de l’esprit : la science des Lumières a-t-elle un genre ?

Xavier Leroy – Histoire de la masculinisation d’une science : l’informatique

III. Sexe, genre et sciences

Sonia Garel – L’identité sexuelle dans les études en neurobiologie

Claudine Junien – Génétique et épigénétique : les socles biologiques du sexe et du genre

Clarisse Ganier et Yasmine Belkaid – Défenses immunitaires et dimorphisme sexuel dans la peau

Delphine Gardey – Ce que les sciences font au genre, ce que le genre fait aux sciences : retour sur les anciennes et les nouvelles frontières de la reproduction humaine

IV. Approches sociologiques et économiques

Nicky Le Feuvre – Penser les carrières académiques à l’aune des régimes de genre

Dominique Meurs – La révolution tranquille du genre dans l’analyse économique

Céline Bessière – Le privé est économique : cinquante ans d’études féministes sur la famille et les inégalités

Éric Fassin – « Signifier les rapports de pouvoir » : les campagnes anti-genre, un objet pour les études de genre

V. Perspectives pour la réduction des inégalités de genre dans les sciences

Samantha Besson – Prendre le « droit de l’Homme à la science » des femmes au sérieux

Nalini Anantharaman – Mathématiques et (non-)mixité

Camille Froidevaux-Metterie – Pour une philosophie du genre en France

Excerpts

« Au début des années 1990, la question des rapports entre genre et science ne se posait guère, surtout dans l’historiographie française. La science des Lumières était masculine, de Newton à Lavoisier, de Bernoulli à Buffon ; ce n’était pas un sujet d’étonnement ou d’enquête. Puis l’essor de l’histoire des femmes et d’une épistémologie féministe a conduit à interroger cette incongruité. » [Antoine Lilti]

« Aujourd’hui, pas plus qu’hier, la science et la médecine ne peuvent être tenues pour des mondes à part, détachés de toute culture ou de tout contexte. Quand on énonce : “ce que les sciences font au genre, ce que le genre fait aux sciences”, on se trouve exactement à l’endroit ouvert par les travaux fondateurs des social studies of science, d’une part, et par la critique féministe des sciences, de l’autre. » [Delphine Gardey]

« En France, les études de genre avaient longtemps été considérées avec indifférence, voire avec condescendance, y compris (voire surtout) dans le monde universitaire, et d’autant plus qu’elles étaient surtout portées par des femmes et, dans leur articulation avec les études sur la sexualité, par des minorités sexuelles. » [Éric Fassin]

« Dans la mesure où les inégalités entre hommes et femmes en science résistent au droit antidiscriminatoire, il est nécessaire de comprendre qu’elles sont propres à la pratique culturelle spécifique, à la fois sur un plan institutionnel et normatif, qu’est la science. C’est donc dans un droit de l’Homme spécifique à la science qu’une réponse doit être recherchée plutôt qu’uniquement dans une approche de droit antidiscriminatoire général appliqué à la science. » [Samantha Besson]