Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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Masanori Tsukamoto est invité par l'assemblée du Collège de France, sur proposition du Pr William Marx.

Résumé

Chez Proust comme chez Paul Valéry est établi un lien entre l’écriture et le sommeil. Il ne s’agit pas ni chez l’un ni chez l’autre de raconter des expériences oniriques mais de créer un regard permettant de percer la réalité ordinaire. Le sommeil n’est pas un moyen d’explorer l’inconscient, mais une puissance capable de changer la vision ordinaire du monde.

Chez Valéry, le rêve est assimilé à une forme particulière de la conscience. Il est une « conscience sans le sommeil », un état d’invention continuel indépendant du rêveur, une « impuissance créatrice ». Proust tente quant à lui de ramener dans l’écriture ce qu’il y a de fragile dans le sommeil. Pour le narrateur de la Recherche, le rêve est une forme de conscience frappée par une forme d’oubli particulier. Il a le pouvoir de faire apparaître ce qui est absent. Il est un puissant appareil visuel capable de nous transporter dans une autre époque.

La réflexion des deux écrivains français sur le rêve du point de vue de sa fonction et de sa signification peut être éclairée par la réflexion du moine japonais bouddhiste Myōe dans son Journal des rêves, dans lequel il a recueilli pendant quarante ans ses rêves, et qui montre la relation étroite entre le rêve et la pensée Kegon.

Georges Seurat, Le Dormeur, crayon sur papier.