C’est l’énergie que l’on n’attendait pas, celle qui ne pesait pratiquement rien il y a encore une dizaine d’années et que le début du XXIe siècle a vu éclore et se développer de façon exponentielle. Il s’agit de l’énergie solaire photovoltaïque issue de la transformation de la lumière du soleil, portée par les photons, en énergie électrique. Tout cela directement, sans bruit, sans pièces tournantes, sans vapeur, sans consommation de carburant ou de matériaux, ni usure, lui donnant un caractère unique, voire magique aux yeux de ses premiers témoins, dans l’éventail des moyens classiques de production d’électricité.
Sa découverte remonte à près de deux siècles, en 1839 précisément, lorsque Edmond Becquerel, au Museum national d’histoire naturelle, baigné dans le bouillonnement créatif et d’innovations suivant la découverte de l’électricité et de la photographie, chercha à mesurer l’intensité de la lumière par un signal électrique via un montage de Volta adapté sous éclairement. Il avait 19 ans.
Il fallut attendre le tournant du siècle pour que de premières cellules solaires voient le jour, que l’effet photoélectrique soit expliqué par A. Einstein en 1905 et attendre encore cinquante ans pour que naissent la technologie moderne des cellules au silicium. Avec les développements associés à la conquête spatiale, le photovoltaïque moderne était né. La théorie, issue de physique quantique, était posée, de nouveaux procédés, de nouveaux matériaux en couches minces émergeaient (GaAs,CdTe, silicium amorphe, Cu(In,Ga)Se2) tandis que les rendements augmentaient sans cesse, avec un bouillonnement créatif et innovant s’amplifiant encore aujourd’hui, avec la découverte de nouvelles filières issues de la chimie comme le photovoltaïque organique ou le pérovskite. Il a cependant fallu attendre le début de ce siècle pour, qu’enfin, le rêve, porté par des générations de scientifiques et d’utopistes de voir le photovoltaïque prendre racine sur terre, se réalise. Grâce à l’impact de politiques publiques de soutien volontaristes, en Allemagne et au Japon en particulier, et aux progrès technologiques, le secteur industriel a pu se mettre en place, d’abord en Europe et ensuite en Chine, consolidant la chaîne de valeur du photovoltaïque et amorçant la réduction des coûts liée au changement d’échelle. Les coûts élevés, barrière infranchissable, étaient enfin battus en brèche, au point que ceux-ci ont baissé d’un facteur 10 en dix ans, et permettent de générer aujourd’hui une électricité compétitive au niveau économique. La progression est telle que l’Agence internationale de l’Énergie parle du « Roi Soleil » pour la qualifier. Le photovoltaïque est de fait devenu la source d’électricité la moins chère au monde.