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Le cours de cette année s’est inscrit dans le prolongement de celui de 2008-2009 où j’ai inauguré mon enseignement au Collège de France en proposant une  revisite » de Confucius, plus spécifiquement celui des Entretiens (en chinois Lunyu 論語). Comme je l’ai rappelé en commençant, c’est avec une traduction de ce livre (qui a eu – et a toujours – en Chine et dans toute l’Asie orientale une portée comparable à celle des Évangiles dans l’Europe chrétienne) que j’ai fait mes premières armes en sinologie il y a trente ans. Mais il se trouve aussi que nous assistons actuellement à un spectaculaire « retour de Confucius » en Chine continentale. C’est ce qui est désormais devenu un véritable phénomène de société que j’ai choisi comme point de départ d’une démarche à rebours.

L’année dernière, nous avons vu comment la figure de Confucius s’est trouvée étroitement mêlée aux vicissitudes de la longue marche de la Chine vers la modernité occidentale, la question cruciale étant : dans quelle mesure la Chine a-t-elle besoin de tabler sur son passé (identifié comme confucéen) pour assurer un fondement stable à une société en pleine mutation ? Ou bien, au contraire, dans quelle mesure a-t-elle besoin de faire table rase du passé pour avoir les coudées franches dans la course à la modernité ? Pour les intellectuels chinois du XXe siècle, le grand point d’interrogation a été, et est toujours dans une certaine mesure : comment expliquer que tout ce qui a fait le fondement de leur « civilisation millénaire » soit aussi contraire aux fondements de la modernité occidentale qui a nettement pris le dessus à partir du milieu du XIXe siècle ?

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