Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Ce cours fut consacré à analyser le contenu même des clauses, i.e. des engagements que souscrivaient les rois dans les alliances qu’ils contractaient. Il est très difficile de déterminer dans quel ordre ces clauses se succèdent et de reconstituer la logique interne des textes : dans certains cas, c’est possible, mais pas toujours. On a donc mis l’accent sur les clauses qu’on trouve à toutes les périodes, en signalant celles qui sont particulières à telle ou telle phase ou contexte.

La première catégorie de clauses est de nature politique : avoir mêmes amis et mêmes ennemis, ne pas conclure de paix séparée ni entretenir des relations diplomatiques avec l’ennemi, ne pas pousser un tiers à intervenir, s’engager à informer et dénoncer les complots et corrélativement à garder certaines informations secrètes, résister à une tentative de corruption, ou encore refuser la trahison en sa faveur d’un sujet du roi à qui on prête serment. Les clauses relatives à la famille royale, à partir du milieu du IIe millénaire, montrent qu’on passe de relations interpersonnelles à des alliances qui engagent les générations suivantes : suite à un traité, les deux familles régnantes étaient liées pour toujours. Le traité entre Hattusili III et Ramsès II est à cet égard frappant : les relations nouées entre les deux rois doivent se poursuivre pendant les générations suivantes et il y est constamment question du pays d’Égypte et du pays de Hatti, non de la personne des souverains. Il est fort possible que ce changement explique pourquoi les rites par le sang, caractéristiques de la conclusion des alliances de la première moitié du IIe millénaire, ne soient plus attestés à partir du xive siècle : ils manifestaient le caractère personnel des engagements, qui s’effaça par la suite. Mettre sa propre vie en jeu lors de la conclusion d’une alliance n’avait en effet plus de sens lorsque les accords conclus engagèrent aussi la postérité des contractants.