Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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C’est un problème général de l’histoire des civilisations que celui des gens déracinés. Encore faut-il introduire des distinctions entre différents types de brassages de populations. On pourrait retenir trois catégories différentes : les immigrés, qui viennent d’ailleurs mais de leur plein gré, espérant vivre mieux là où ils arrivent ; les exilés ou réfugiés, qui ont dû quitter leur pays en raison de problèmes qu'ils y rencontraient ; et enfin les déportés, dont le cas se distingue du précédent en ceci qu’ils ont été arrachés à leur pays d’origine par le pouvoir régnant dans leur pays d’accueil. Mais on voit la limite de ces catégories : les esclaves achetés à l'étranger ne sont pas à proprement parler des déportés.

Un groupe sûrement important numériquement dans la Babylonie du XVIIsiècle était constitué par les personnes réfugiées du Sud sumérien ; j'entends par là les habitants du sud de Sumer qui avaient dû quitter leur ville dans les années 10 à 12 de Samsu-iluna, dans des conditions étudiées l'an passé. Certains sont bien documentés, à commencer par les descendants des habitants d'Uruk réfugiés à Kiš. On trouve en effet dans des textes de cette ville datant d'Ammi-ditana, Ammi-ṣaduqa et Samsu-ditana, des individus voués au culte de divinités typiques du panthéon d'Uruk, à savoir Ištar-d'Uruk (alias Urkitum), Nanaya et Kanisurra ; certains portaient des titres caractéristiques comme celui de purificateurs-išippum et d'autres une onomastique théophore d'Urkitum, de Nanaya ou d'une autre divinité urukéenne, Uṣur-awassu. On trouve enfin des noms comme Uruk-liblut « Puisse la ville d'Uruk (re)vivre ! » ou Eanna-libluṭ « Puisse le temple de l'Eanna (re)vivre ! », qui témoignent de la nostalgie des exilés pour leur ville d'origine et le temple que leurs ancêtres desservaient.