Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Les réformes de Mahmud ne se limitent pas à la réorganisation de l’armée, à l’adoption de costumes et d’apparences occidentales ou à des festins bravant les interdits religieux. Il est aussi question d’une dimension politique visant une modification des rapports entre l’État – le sultan – et ses sujets. Cette dimension « libérale », nous l’avons déjà dit, s’efface souvent devant la violence de la répression exercée par le nouveau système contre les éléments de la population jugés dangereux ; elle n’en existe pas moins dans les esprits et, parfois, dans les actes, créant ainsi une attente auprès de certains groupes. En tête de liste, l’intention, prêtée à Mahmud dès le lendemain de la « révolution » du 15-16 juin 1826, d’abolir la pratique de la confiscation (müsadere) qui depuis des siècles a donné aux sultans le pouvoir arbitraire de mettre la main sur la fortune de dignitaires déchus ou disgraciés. Pour un empire dont l’efficacité et l’assiette fiscales étaient réduites, c’était là un moyen pratique de renflouer les caisses de l’État, mais ses inconvénients étaient nombreux : instabilité financière et politique, imprévisibilité de la fonction publique, tendance à la reproduction d’abus de pouvoir et d’actions prédatrices…

Évidemment, la décision d’abolir les confiscations ne concernait guère la majorité de la population, mais uniquement les membres de la classe dirigeante qui se sentaient visés. Il est donc probable que si Mahmud II s’était prononcé en faveur d’une telle mesure, c’était avant tout pour s’assurer le soutien des dignitaires en ce moment de crise intense. C’est dans cette optique qu’il faut lire les rapports suggérant qu’il avait tout particulièrement tenu à assurer les ulema (le « clergé ») de cette intention, dans un contexte de « guerre sainte » menée contre les janissaires et leurs associés. Dans le même ordre d’idées, on rapporte qu’il avait demandé aux membres du conseil d’abandonner l’étiquette qui leur interdisait de s’asseoir en sa présence et qu’il avait fini par devoir les y obliger…