Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Grâce au progrès récent des nanosciences et des nanotechnologies, les nanoparticules inorganiques, à base d’oxydes métalliques ou de métaux nobles, peuvent être préparées de manière reproductible avec un bon contrôle de la composition chimique, de la forme, de la distribution en taille et de la nature et densité des fonctions de surface. Sachant qu’à cette échelle nanométrique, ces composés présentent d’une part des propriétés physiques remarquables (ex : superparamagnétisme pour les composés ferro- ou ferrimagnétiques ; résonance plasmon de surface pour les métaux) et sont d’autre part suffisamment petits pour circuler dans le sang et pénétrer dans les différents compartiments cellulaires, ils ont désormais une véritable carte à jouer dans le développement de dispositifs injectables, notamment pour délivrer un jour des principes actifs de manière sûre et contrôlée.

Après un rapide aperçu du cahier des charges d’un dispositif de délivrance de médicaments (DDM), nous verrons ainsi que des nanoparticules de silice mésoporeuse obtenues par voie sol-gel peuvent héberger des molécules d’intérêt thérapeutique et donc servir de contenant pour transporter ces molécules jusqu’à leur cible. Nous verrons également que les nanoparticules d’oxyde de fer sont de très bons agents de contraste pour l’imagerie médicale par résonance magnétique (IRM) et que, insérées dans un DDM, elles permettent de suivre sa biodistribution après injection intraveineuse, et ainsi déterminer l’instant où il a atteint sa cible. Ces mêmes nanoparticules magnétiques ont également le pouvoir de s’échauffer par induction, c’est-à-dire quand elles sont soumises à un champ magnétique alternatif. Cette propriété a permis de développer une nouvelle stratégie thérapeutique en cancérologie appelée l’hyperthermie par fluide magnétique qui exploite le fait que les cellules tumorales sont plus sensibles à une élévation de température que les cellules saines. Ainsi, insérées dans un DDM, elles pourraient permettre de déclencher à distance le processus de libération des principes actifs. Selon le même principe, des nanobâtonnets d’or s’échauffent lorsqu’ils absorbent des rayonnements dans le proche IR. Les tissus vivants étant relativement transparents dans cette gamme de longueurs d’onde, une technologie basée sur un laser et des DDM incorporant des nanobâtonnets d’or est en cours de développement.

Bien que pluridisciplinaire, cet exposé se focalisera sur le design des matériaux et l’exploitation de leurs propriétés physiques. Il sera donc largement incomplet sur les aspects biologiques, galéniques et médicaux.

Intervenants

Étienne Duguet

Université de Bordeaux, directeur adjoint de l'ICMCB