Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Si le langage n’influence guère la pensée à l’âge adulte, joue-t-il un rôle plus grand au cours du développement ? Le langage pourrait constituer une sorte d’échafaudage temporaire, nécessaire seulement à la construction de la pensée. D’une part, il pourrait faciliter l’acquisition des concepts élémentaires, en étiquetant directement les concepts à apprendre (c’est l’hypothèse de Lupyan) ou en attirant l’attention sur les propriétés intéressantes du monde extérieur (travaux de Sandy Waxman). D’autre part, il pourrait agir comme une colle (glue) qui permet d’assembler les primitives conceptuelles issues de nos noyaux innés de connaissance (core knowledge) afin de former des concepts composites que nous ne pourrions pas formuler autrement (hypothèse d’Elizabeth Spelke), ou bien que nous aurions beaucoup plus de mal à découvrir, étant donné l’immense espace de concepts combinatoires que notre cerveau est capable de représenter, mais qu’il n’a pas le temps d’explorer tous (c’est ma propre hypothèse).

Le cours a examiné plusieurs travaux empiriques qui mettent à l’épreuve ces possibilités. En premier lieu, l’expérience montre qu’étiqueter des objets par des mots facilite effectivement leur apprentissage, tant chez l’enfant que chez l’adulte. Cet effet est principalement attentionnel. Lorsqu’ils apprennent un nom d’objet, les enfants restreignent l’espace des hypothèses à la forme des objets, ce qui accélère leur catégorisation. Les étiquettes verbales aident également à individualiser les objets.