Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Selon une étymologie purement grecque, « Eurôpè » (ευρωπη) proviendrait de deux mots grecs : eurýs et ṓps. Le premier, eurýs, signifie soit large, qui s’étend en largeur, soit vaste, qui s’étend au loin ; le second, en grec ancien ṓps, signifie soit regarder en face, soit œil. Eurôpè, « [celle qui a] de grands yeux », devint un prénom féminin donné à plusieurs personnages mythologiques grecs, et notamment à la fameuse fille d’Agénor enlevée par Zeus déguisé en taureau.

Cette étymologie, qui n’est pas la seule possible, a une indubitable valeur symbolique. Elle interroge la place du regard, de l’image, voire de l’art dans la constitution de l’identité et de la différence européennes. Brûlante aujourd’hui, cette question n’est pas nouvelle. Les premiers historiens de l’art opéraient par des emboîtements successifs. Ainsi, pour Giorgio Vasari, l’art renaît après les siècles de survie souterraine en Italie, ou pour être plus précis en Toscane, ou pour être plus précis encore à Florence. La quête d’un centre hantera les esprits jusqu’à l’époque des Lumières avec pour résultat l’utopie du « Museum », dont le Louvre est l’héritier direct. L’Atlas « Mnémosyne » imaginé beaucoup plus tard par Aby Warburg proposa en revanche la virtualité d’un réseau d’images s’enchaîne idéalement à perte de vue.