Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

On est en train de construire une bibliothèque à partir d’une simple image : celle des étoiles nouvelles, tirée du poème de José-Maria de Heredia, « Les Conquérants ». Le cours précédent a mis en évidence un certain dysfonctionnement de cette image, dans la mesure où elle ne correspond pas complètement à la réalité astronomique. La question posée est la suivante : qu’est-ce qui, dans l’histoire des discours, rend pour le lecteur du sonnet cette image plus probable, c’est-à-dire susceptible d’être approuvée ? La recevabilité d’une image dépend la plupart du temps d’un savoir communément admis et ce dernier peut être le fruit soit d’une expérience directe, soit d’une connaissance indirecte médiée par les discours. C’est dans ce cadre-là qu’on peut utiliser la notion de bibliothèque et de probabliothèque, sans postuler toutefois que le poète Heredia aurait consciemment mobilisé toutes les étagères de cette bibliothèque pour composer son poème. Jusqu’ici, a été évoquée la sous-bibliothèque de l’Antiquité classique. On peut y ajouter celle des discours du type astronomique : Marcus Manilius, Astronomiques ; Tycho Brahe, De stella nova (1573) ; la gravure Melencolia I de Dürer (1514) ; le film Melancholia (2011) de Lars von Trier ; l’« étoile noire » du film Star Wars ; et l’« étoile mystérieuse » d’Hergé (1942). On peut ajouter également une sous-bibliothèque géographique, qui relie l’apparition d’étoiles nouvelles à un déplacement sur la terre. Elle pourrait inclure des textes d’Aristote (Du ciel) et de La Divine Comédie de Dante (chant 26 de l’« Enfer » ; chant 1 du « Purgatoire ») comme ceux de l’astronome portugais João Faras (1500) et de l’humaniste italien Pierre Martyr d’Anghiera, auteur du Nouveau Monde (1511).