Voir aussi :

Atelier du Groupe de Recherche en Épistémologie

Groupe de Recherche en Épistémologie
Direction scientifique : Claudine Tiercelin
Organisation : Jacques-Henri Vollet et Jean-Marie Chevalier

Il est admis par la plupart des épistémologues que certaines notions fondamentales en épistémologie sont affaire de degré (« gradable » en anglais) alors que d'autres sont catégoriques ou binaires. On inclut généralement dans la première catégorie les notions de confiance, de renforcement par la preuve (« evidential support ») et de croyance, et dans la seconde les notions de connaissance, d'incrédulité, de suspension du jugement, de croyance catégorique, de justification et d'accès épistémique à une raison. Bien souvent, on représente ce qui est affaire de degré à l'aide d'une échelle relativement simple. Par exemple, le bayésien utilise une échelle de probabilité pour représenter les degrés possibles de croyance et de renforcement par la preuve.

Toutefois, la question de savoir si une notion donnée est affaire de degré est bien moins claire qu'il n'y paraît. Ainsi, pour certains philosophes, il y a des degrés de croyance catégorique (Williamson 2000, Wedgwood 2012) ; pour d’autres, la croyance ne saurait admettre de degrés (Moon 2017, Kauss 2020). Pour d’autres encore, des états qui sont affaire de degré comme les créances sont, tout comme les croyances, réductibles à des états binaires (Harman 1986, Holton 2014), ou bien sont irréductibles. Pour les uns, on peut avoir accès ou être sensible à une raison à un certain degré (Skorupski 2011, Smithies 2014) quand pour les autres, soit on a une raison, soit on ne l'a pas (Fantl et McGrath 2009). Par ailleurs, en admettant que telle ou telle notion soit affaire de degré, encore faut-il déterminer de quel type et de quelle échelle graduée il s’agit. Est-ce une échelle simple avec un point minimal et maximal ? Ou bien a-t-on affaire à une échelle plus complexe, incluant différents segments ? Y a-t-il une seule échelle à considérer ?

Le but de cet atelier est d'apporter de nouveaux éclairages sur la question de savoir si certaines notions épistémiques fondamentales sont ou non affaire de degré. On s’intéressera principalement mais pas exclusivement aux questions
suivantes :

  • Y a-t-il des degrés de croyance catégorique ?
  • La croyance est-elle une affaire de degré ?
  • Peut-on avoir (épistémiquement) une raison à un certain degré ? Si oui, la force normative de cette raison peut-elle en dépendre ?
  • Peut-on distinguer une échelle de certitude synchronique et une échelle de certitude diachronique ?
  • Peut-il y avoir des degrés dans la suspension du jugement ?
  • La justification est-elle affaire de degré ?
  • Y a-t-il des degrés de rationalité ?
  • La connaissance a-t-elle encore un sens dans une approche en termes de degré ?
  • Les croyances binaires simplifient-elles le raisonnement ? 

Programme

Ce colloque se tiendra sur Zoom. 

9 h – Paul Egré (CNRS) : Truth is flat and bumpy

10 h – Thomas Boyer-Kassem (université de Poitiers) : Est-il pertinent de dire que « la majorité des gens pense que P » ? À propos de l’extension du jugement majoritaire en épistémologie

11 h – Cyrille Imbert (CNRS) : Épistémologie de la connaissance explicative et pertinence informationnelle : les types de gradualité au secours du naturalisme

12 h – Arturs Logins (université de Zurich) : Qu’est-ce que le « poids » des raisons si la justification n’admet pas de degrés ?

13 h – Pause méridienne

14 h – Jacopo Benedetti (université Paris 4) : Degrés de croyance et scepticisme

15 h – Valentin Teillet (EHESS) : Le seuil de la connaissance graduelle

16 h – Jacques-Henri Vollet (université de Genève) : L'échelle de la certitude