Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

La conclusion précédente laisse penser que la métacognition consciente et interpersonnelle pourrait être le propre de l’homme. Cependant, qu’en est-il des compétences métacognitives élémentaires et éventuellement non conscientes, telles que le jugement de confiance ou la détection d’erreurs? Des méthodes non-verbales d’analyse de la métacognition seraient-elles applicables à la cognition animale ? Et montreraient-elles que certaines espèces animales disposent d’une introspection ?

Kornell, Son et Terrace (2007) proposent au moins deux manières de tester la métacognition sans langage. D’une part l’introspection peut être évaluée en examinant si  l’animal parvient à accorder un degré de confiance à ses propres réponses. D’autre part, le contrôle métacognitif peut être examiné en démontrant que l’animal « sait qu’il ne sait pas » parce qu’il va activement rechercher des informations supplémentaires.

La première approche, fondée sur le jugement de confiance subjective, a fait l’objet d’une série de travaux expérimentaux de J. David Smith à l’université de New York. Le principe en est simple : On fait exécuter aux animaux une décision psychophysique simple à deux choix (par exemple juger si un son est aigu ou grave). On entraîne ensuite les animaux à utiliser une troisième réponse qui leur permet de recevoir, quoi qu’il arrive, un petit renforcement fixe. Résultat : de nombreuses espèces animales apprennent à utiliser cette « échappatoire » à bon escient. Un dauphin, par exemple (Smith et al., 1995) ne l’utilise que pour refuser spécifiquement les essais difficiles. L’animal présente également des réponses d’hésitation (il nage lentement et secoue même la tête !), précisément en réponse aux stimuli pour lesquels ses performances sont les plus faibles.