Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Des études récentes suggèrent que le réseau cérébral associé aux opérations mathématiques est déjà impliqué dans le sens du nombre chez les jeunes enfants non encore scolarisés. Il est très ancien dans l’évolution car il est présent lorsque des singes macaques reconnaissent un certain nombre d’objets concrets. Se pourrait-il que l’émergence d’un langage mathématique, au cours de l’évolution de l’espèce humaine, ait précédé celle du langage parlé ? Cela n’est pas impossible lorsque l’on constate que l’humanité a conçu des objets et des outils dotés de symétries complexes depuis environ deux millions d’années (comptage : au moins 40 000 ans, symboles géométriques : 70 000 à 100 000 ans ; zigzags : 540 000 ans ; bifaces au double plan de symétrie : jusqu’à 1,8 million d’années ; sphéroïdes : environ 2 millions d’années). Dans ce dernier cours, nous avons rassemblé les données qui suggèrent que le cerveau humain parvient à manipuler et combiner des concepts mathématiques, même lorsqu’il ne possède pas de mots pour les exprimer. Les études des indiens Mundurucu d’Amazonie, réalisées en collaboration avec Véronique Izard, Pierre Pica, et Elizabeth Spelke, jouent ici un rôle essentiel. Elles montrent qu’en l’absence d’éducation et de vocabulaire mathématiques, des enfants et des adultes disposent d’intuitions arithmétiques et géométriques complexes : concept de nombre, de correspondance entre une carte bidimensionnelle et la réalité tridimensionnelle, d’angle, de parallélisme, de courbure, etc.