Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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La semaine dernière, nous avons vu, entre autres, la représentation de l'Avesta selon Bailey, que nous pourrions résumer au moyen du schéma suivant :

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  2. L'Avesta Sassanide avec une première édition sous Xosrō Ier, soit au VIe siècle de notre ère ;
  3. L'Avesta qui nous est parvenu et qui est constitué de « fragments sauvés » de manière hasardeuse de l'Avesta Sassanide.

La représentation de l'Avesta selon Karl Hoffmann

Le tableau de Karl Hoffman est inspiré de celui de Bailey, comme nous allons le voir. Karl Hoffmann se représente donc les choses ainsi :

  1. Avesta arachosien : en effet, l'avestique est une langue iranienne orientale qui a transité avant d'arriver en Perse. Karl Hoffmann pense qu'il y a eu une période où l'Avesta a transité en Arachosie (région de Kandahar en Afghanistan). L'Avesta a donc été transmis à un moment donné en Arachosie, et ce pour trois raisons :
    a. linguistique : le nom même de l'Arachosie fournit l'exemple d'un traitement phonétique particulier : Haraxvaitī- avec le traitement -xv- à l'interne du groupe *-asu̯a- au lieu de -vha- comme attendu (*-asu̯a- > *-ahu̯a- > *-aŋhuua- > -vha-).
    b. événementielle : dans l'inscription de Behistun, l'usurpateur Vahyazdāta partage son armée en deux : d'une part contre Darius et d'autre part en Arachosie. Selon Hoffmann, il y aurait donc une complicité particulière entre le clan achéménide au pouvoir et l'Arachosie.
    c. iconographique : dans les reliefs de Persépolis, on constate une alternance entre les Mèdes et les Arachosiens pour les proches du rois. Donc l'Arachosie semble occuper une place privilégiée dans l'entourage du roi.

    L'hétérogénéité des arguments amène Kellens à ne pas apprécier cette hypothèse. L'argument linguistique, par exemple, est étrange, parce que ce traitement interne est exceptionnel. De plus, c'est le traitement régulier à l'initiale, ce qui n'en fait pas un phénomène complètement étranger à l'avestique.
     
  2. Archétype Sassanide : a été mis par écrit sous Shāhbuhr II, soit au IVe siècle de notre ère. Cet Archétype existait encore au IXe siècle au moment de la rédaction du Dēnkard.
    Entre 2. et 3., Karl Hoffmann restitue un stade intermédiaire : la StammHandschrift, le « manuscrit de base », qui est le modèle commun de tous les manuscrits que nous possédons. Hoffmann postule cette étape à cause d'une faute commune à tous les manuscrits que nous possédons. Le Y12 atteste la forme ziiånīm (acc.), dont le terme védique correspondant est jyāním « destruction absolue, désolation ». Or, phonétiquement, on attendrait théoriquement *ziienīm en avestique avec infection palatale. En consultant l'apparat critique, il s'est rendu compte que les manuscrits attestent pour la plupart la leçon ziiåiienīm. Le scribe s'est donc trompé en écrivant ziiå° et au lieu de biffer, il a continué avec la bonne leçon d'où la forme ziiåiienīm. La syllabe incorrecte avec -å- a été conservée par quelques scribes, ayant constaté l'aberration d'une forme ziiåiienīm. Si tous les manuscrits reproduisent la même faute, c'est qu'ils ont un modèle commun, que Karl Hoffmann appelle StammHandschrift.
     
  3. Avesta-Ausgabe est l'Avesta que nous possédons, celui de l'édition de Geldner. Il s'agit des débris de l'Archétype Sassanide. Le manuscrit le plus ancien dont on garde la mémoire se situe vers 1020 ap. J.-C.