Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Depuis une vingtaine d’années, de très nombreuses études mettent en évidence une réelle contribution du système immunitaire à la construction et au fonctionnement du cerveau ainsi qu’au développement des pathologies neurologiques et psychiatriques. C’est le cas, par exemple, lors de la progression de maladies neurodégénératives, notamment la maladie d’Alzheimer. Cette contribution passe, d’une part, par l’action de cellules immunitaires extérieures au cerveau et de facteurs sécrétés qui peuvent directement moduler l’activité neuronale. D’autre part, des études ont mis en évidence le rôle central des microglies dans l’assemblage des circuits, la régulation de la transmission synaptique, la formation ou l’élimination de synapses pendant les différentes phases de la vie : le développement, l’apprentissage et la neurodégénérescence. Un nombre croissant d’études montrent que les microglies participent à presque toutes les maladies neurologiques et psychiatriques. Par leur sensibilité à des signaux systémiques comme l’inflammation, ou à l’environnement microbien, ou à celui du microbiote, les microglies constituent donc une véritable interface entre l’environnement corporel et les circuits cérébraux dans les contextes physiologiques et pathologiques.

Jusqu’au tournant de ce siècle, les immunologistes et neurobiologistes ont travaillé en parallèle dans la construction des savoirs. Aujourd’hui, autour des enjeux de l’intégration de ces nouvelles données dans l’exploration du fonctionnement du cerveau et du système nerveux, autour du lien à faire entre les études sur la physiologie normale et celles centrées sur les pathologies, il apparaît essentiel de développer une approche systémique qui intègre tous les acteurs présents, dont les cellules immunitaires, et de considérer le cerveau dans sa dynamique de construction et d’évolution. Il s’agira d’établir un nouveau schéma neuro-glio-immunitaire du développement, de la physiologie et de la pathologie des circuits cérébraux. Caractériser ces interactions neuro-immunitaires est source d’espoir – mais également de fantasmes – pour le développement de nouvelles approches thérapeutiques ciblant différents types de pathologies. C’est pourquoi il semble primordial de replacer les faits scientifiques au cœur de la discussion : il nous faudra définir clairement les enjeux de ce rapprochement, et préciser ce qui est établi dans des modèles animaux mais reste à explorer chez l’homme, afin d’accompagner la progression des savoirs et des connaissances de manière rationnelle.

La Fondation du Collège de France a apporté son soutien à l’installation et à l’équipement des laboratoires de la Pr Sonia Garel.