Le colloque est en anglais avec traduction simultanée.
Présentation
Deux ans après le début de la guerre menée par Israël contre les Palestiniens à la suite de l’attaque meurtrière du 7 octobre 2023 sur son territoire, alors qu’à Gaza la plupart des bâtiments et des infrastructures ont été détruits, les institutions d’enseignement et de soins dévastées, des dizaines de milliers de civils tués ou mutilés, et toute une population réduite à la famine, il est nécessaire de penser ce qui s’est joué au cours de cette période. Ce travail s’impose d’autant plus que la plupart des gouvernements occidentaux ne se sont pas contentés d’apporter leur soutien diplomatique et parfois militaire à ces représailles, mais ont également empêché tout débat public sur la signification de la tragédie en cours. La police du langage et de la pensée a généré censure et autocensure. Parler de l’histoire de la Palestine au cours du siècle écoulé, de l’expérience de son peuple confronté à la spoliation de ses terres et à la privation de ses droits, ou encore de la politique d’effacement de sa présence, de sa mémoire et de sa culture, en somme de tout ce qui peut aider à saisir les enjeux de la situation actuelle, était devenu suspect.
Ces spectres qui hantent donc les crimes de masse perpétrés à la face du monde, le colloque s’efforcera de les appréhender. Il le fera à partir de perspectives multiples autour d’une double lecture – politique et poétique. D’un côté, il faut prendre la mesure du bouleversement politique à l’œuvre, bien au-delà du Moyen-Orient, du fait du consentement à l’écrasement d’un territoire et au sacrifice de ses habitants. De l’autre, il faut savoir entendre la voix des Palestiniennes et des Palestiniens à travers leur poésie qui est depuis longtemps leur manière la plus créative de rendre compte de leur souffrance, de leur résistance et de leurs espoirs. « Ici, nous avons un passé et un futur », écrivait Taoufik Ziyad, lui-même à la fois politicien et poète. Comprendre le présent suppose de reconnaître le poids de ce passé et permet un regard lucide sur ce futur.
Ce colloque prolonge le cours « Les formes de la violence » donné par Didier Fassin au Collège de France au printemps 2025.