Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Un débat intéressant s’est développé au cours des dernières quinze années sur la valeur historique de la colonisation grecque en Occident, que l’on a aujourd’hui tendance à définir comme « prétendue ». On a parcouru à nouveau les étapes du débat, qui voit d’un côté les révisionnistes, décidément réticents à reconnaître l’historicité de la colonisation, de l’autre, les spécialistes qui défendent la tradition, tout en reconnaissent la nécessité d’une mise à jour du débat suivant des catégories historiographiques mieux définies. De la critique du nominalisme, qui se fonde sur la définition conventionnelle et anachronique de la colonisation, (donc il n’y a en fait pas de colonisation grecque, mais un apoikismòs), on est passé au problème bien plus sérieux du rapport entre archéologie et histoire. Nous sommes partis des conclusions du 50e Colloque d’Études sur la Grande Grèce (Tarente 2010), et des prises de position récentes, comme celle de Michel Gras en 2012 qui donne une approche historiographique de la mobilité, des migrations et des fondations d’établissements grecs. J. Hall a exprimé un autre point de vue dans son essai sur les Foundation Stories (2008). Indépendamment de ses opinions sur le phénomène colonial en général, qui sont à revoir, il me semble que Hall a raison quand il affirme que l’archéologie est la seule source contemporaine de l’événement ou des événements qui sont à l’origine du ktisma. Par conséquent l’archéologue exégète a un rôle central à jouer dans l’enquête sur ce phénomène, et il est nécessaire d’aboutir à des formulations claires qui dépasent le pur empirisme. De cette manière, on pourra mettre l’archéologie à l’abri de l’accusation, que quelqu’un a récemment lancée, d’être asservie aux sources littéraires. Il est important que l’étude de la dimension matérielle des problèmes progresse iuxta propria principia, sans contaminations ni effets combinatoires.

Nous avons donc utilisé la seule approche archéologique du problème, sans prendre en compte le rapport avec les sources, avec les récits de fondation et tous les détails que la tradition nous a livrés. Ces données doivent être soumises à une évaluation critique et non pas acceptées sans discussion.