Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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La deuxième conférence portera sur un détail bouleversant des Crétois, drame fragmentaire d’Euripide qui fut probablement mis en scène dans les années 430 av. J.-C. Il s’agit de l’image d’un plafond ou toit en bois de cyprès, assemblé avec de la colle taurine. Les commentateurs se sont fort peu intéressés à cette métaphore. Nous y décèlerons pourtant une vision déconcertante, car le poète décrit les poutres en utilisant un verbe qui s’applique essentiellement aux liquides, et plus particulièrement au mélange de vin et d’eau. Cette image brouille la distinction entre le fluide et le solide : le plafond se présente comme un liquide périlleusement instable. Si cette métaphore cauchemardesque ne se conforme pas au modèle standard envisagé par les théories cognitives de la métaphore, nous verrons qu’elle représente une autre incompatibilité explorée par la tragédie : celle du corps du Minotaure, mi-homme et mi-taureau, dont la naissance est le point de départ des Crétois. L’image reflète donc la subversion angoissante de l’ordre social et religieux.