Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Traduit en arménien dès le Ve siècle, peu après la création de l’alphabet et en même temps que les premières versions de la Bible et des Pères de l’Église, le Roman d’Alexandre est la seule traduction arménienne d’une œuvre de caractère profane.

À partir du XIVe siècle, on insère, dans le texte arménien, des annexes qui présentent Alexandre comme un modèle du souverain idéal. S’y ajoutent des miniatures illustrant la vie du roi antique. Chaque scène s’accompagne d’un poème didactique, créant une imagerie royale, textuelle et visuelle.

Les treize manuscrits enluminés du Roman d’Alexandre, datés entre le XIVe et le XVIIsiècle, ont été produits dans des contextes différents. En situant chaque manuscrit dans son contexte historique et politique, on constate que sa production est liée au changement d'orientation politique de l'époque (chute de la royauté au XIVsiècle et tentatives ultérieures pour rétablir un État arménien). Il est intéressant d’observer que les commanditaires évoquent la « domination parfaite » d’Alexandre. Il s’agit d’ecclésiastiques de haut rang, descendant des dynasties royales ou des familles princières arméniennes, dont l’influence idéologique se reflète dans le langage artistique.

Ainsi, au Ve siècle, après l’abolition du royaume d’Arménie en 428, Alexandre symbolisait la soif d’émancipation des Arméniens contre le monde perse. Image d’un roi idéal, constructeur des portes d’airain qui empêcheraient l’arrivée des peuples impurs, ancêtre et préfiguration de l’Empereur des derniers temps, le Macédonien répondait à l’espoir de restaurer la souveraineté originelle de la nation et une gouvernance parfaite qui apporterait la paix et la justice.