Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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De nombreuses transformations chimiques modifient à la longue la couleur des pigments. Des analyses associées à l’étude des commentaires des artistes ou des critiques permettent de mieux comprendre la nature de ces mécanismes et parfois d’envisager d’y remédier.

Ces phénomènes s’observent dans des cas très variés qui concernent tout aussi bien les pigments minéraux que les molécules colorantes organiques. Les altérations du jaune de cadmium ont ainsi été observées sur la surface d’une peinture de James Ensor : des formations globulaires blanches, développées à la suite d’une réaction du pigment avec l’humidité ou le vernis en présence de lumière. Ce pigment, disponible à partir des années 1840, a été très largement employé par les artistes car il est d’un beau jaune brillant, doté d’un pouvoir couvrant excellent et facile à fabriquer. Dans d’autres cas, on observe une décoloration des molécules organiques due à l’exposition à la lumière, à l’humidité, à l’oxygène, à des polluants atmosphériques liés à l’industrie, ou à l’action de micro-organismes (bactéries, moisissures).

Ces phénomènes étaient parfois visibles du vivant de l’artiste et Jean Renoir expliquait dans Pierre-Auguste Renoir, mon père : « Ayant constaté le danger de peindre pour l’immédiat sur ses toiles de jeunesse dont certaines tournaient au noir, mon père mit progressivement au point une méthode à longue échéance. Il en résulta une peinture capable de résister au temps ; mieux, calculée pour que l’action du temps devienne un bénéfice [2]. »

Les récentes recherches sur ces phénomènes montrent que de nombreux mécanismes de dégradation peuvent se produire et soulignent la complexité des paramètres à contrôler si l’on souhaite limiter ou arrêter le phénomène. Comprendre ces transformations est important pour évaluer les différences entre le projet artistique du peintre et la perception que nous avons des œuvres aujourd’hui.

Références

[2] Jean Renoir, Pierre-Auguste Renoir, mon père, Gallimard, Paris, coll. « Folio », 1999, p. 429 (1re éd. 1962).

Ce cours a été suivi par un séminaire : « Manufacturing Techniques of Renaissance Bronze Sculptures with Different Surface Appearances » (Techniques de modification des surfaces de sculptures en bronze de la Renaissance) par Robert van Langh (Rijksmuseum, Amsterdam, Pays-Bas).