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Résumé

Traditionnellement, les anthropologues mènent deux entreprises qui ne semblent pas avoir beaucoup en commun.

D'une part, ils étudient de manière extrêmement minutieuse des petits groupes d'individus, souvent assez isolés des grands centres de la mondialisation, dont ils s'efforcent d'interpréter la conception du monde ou l'organisation sociale.

D'autre part, ils échafaudent des théories générales concernant les comportements et les manières de penser de l'humanité dans sa globalité. Comment ces deux types d'activités peuvent-elles être reliées et dans quel but ?

Il semble que la majorité des anthropologues contemporains considère comme peu intéressant le type d'approche visant à réunir ces deux pratiques puisqu'ils se livrent entièrement et exclusivement à l'une ou l'autre d'entre elles. Ainsi les départements universitaires d'anthropologie de par le monde sont-ils de plus en plus dominés par une ethnographie ayant abandonné toute ambition théorique générale.  Par  conséquent, les théoriciens se trouvent plus à l'aise en dehors des départements d'anthropologie classiques. Le problème se pose d'une manière particulièrement aiguë pour l'anthropologie cognitive car elle emprunte beaucoup de ses idées à des disciplines issues des sciences cognitives qui n'hésitent pas à généraliser au niveau de l'espèce. En revanche, elles ne s'intéressent que de manière anecdotique à des cas particuliers situés dans le temps et l'espace.

Dans cette leçon inaugurale, Maurice Bloch propose de garder, à l'instar d'anthropologues comme Bronislaw Malinowski, Claude Lévi-Strauss ou Françoise Héritier, un pied dans chacune de ces deux entreprises. Ce n'est qu'ainsi, pense-t-il, que l'anthropologie est en mesure d'apporter une contribution originale et enrichissante aux autres disciplines des sciences humaines.