Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

La qualité des institutions est un élément essentiel de la fabrique des politiques publiques. Des institutions faibles font peser une lourde contrainte sur les décideurs publics et menacent la crédibilité de leur action. Les crises financières des dernières années ont révélé les faiblesses profondes de l’architecture institutionnelle de la zone euro en matière de gouvernance des banques centrales. Il est essentiel de bien appréhender ces faiblesses pour :

  1. comprendre la nature des réponses apportées par la Banque centrale européenne (BCE) aux défis variés et mouvants posés par la crise financière ;
  2. savoir évaluer l'efficacité des politiques mises en œuvre par la BCE à chaque stade de la crise ;
  3. pouvoir anticiper les réformes institutionnelles et de gouvernance nécessaires à un meilleur fonctionnement de la zone euro à l’avenir.

Lors de la leçon inaugurale, je décrirai les défis auxquels est confronté la BCE depuis 2008 et j’évaluerai son aptitude à la gestion de crise ainsi que l’efficacité de sa politique monétaire.

Cette leçon présentera les thèmes généraux qui seront développés plus en détail tout au long du cours.

Lucrezia Reichlin

Économiste italienne, professeur à la London Business School, Lucrezia Reichlin occupera pendant un an la chaire Européenne du Collège de France. Première femme à diriger le département de la recherche de la Banque centrale européenne, elle est une spécialiste réputée de macro-économie. Ses travaux sur les systèmes d’évaluation en temps réel et les prévisions économiques à court terme utilisant de très vastes ensembles de données font autorité et sont très largement utilisés dans le domaine de la finance.

La Banque centrale européenne est une institution unique dans sa qualité de banque centrale installée au cœur d’un ensemble de dix-neuf pays dotés chacun de responsabilités nationales pour ce qui concerne la politique budgétaire et, jusqu'à récemment, la réglementation bancaire. L’absence d’une relation explicite entre la BCE et une autorité fiscale commune à l’échelle européenne entrave ses actions et limite leur impact. A ce titre, on peut considérer que la BCE s’inscrit dans un cadre institutionnel particulier, où en tant que banque centrale, elle ne dispose pas de support politique en matière budgétaire et fiscale. Elle constitue donc une étude de cas intéressante, prise dans une perspective de comparaison avec le comportement et la performance des banques centrales dont le champ d’action s’inscrit dans un cadre budgétaire et fiscal fort. Cette approche peut être utilisée pour éclairer sous un jour nouveau l’importance de la gouvernance et de la gestion des interactions monétaires et budgétaires. L'analyse de ce cas permet aussi de mieux comprendre l'avenir de la banque centrale et de la zone euro.