Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Des études classiques ont expliqué la naissance de la polis en mettant en avant le logos et le meson. Le discours, tenu en public, marquerait l’avènement d’un monde nouveau dans lequel la persuasion aurait remplacé la force. Désormais, l’efficace de la parole supposerait l’approbation du groupe social et ne nécessiterait pas l’intervention des divinités. D’autres travaux ont préféré évoquer, sans véritablement l’expliquer, l’extension d’un domaine soumis, non plus au cours naturel des choses, mais aux actions humaines. D’autres encore envisagent des individus s’agrégeant progressivement jusqu’à former une communauté civique ou bien des transformations des conditions matérielles. Toutes ces explications ont en commun de n’accorder aucune place au monde divin, comme si celui-ci occupait dans les conceptions grecques la même position par rapport au monde humain que dans certaines conceptions contemporaines, pris dans la logique du couple immanence/transcendance.

Pourtant, comme le rappelait naguère Jean-Pierre Vernant dans sa Leçon inaugurale au Collège de France, « l’insertion du religieux dans la vie sociale, à ses divers étages, ses liens avec l’individu, sa vie, sa survie ne prêtent pas à une délimitation précise du domaine de la religion ». La lecture des poèmes homériques et hésiodiques confirme l’existence d’une tout autre articulation entre les univers divin et mortel. Elle invite à comprendre les transformations du monde grec archaïque autrement. C’est en pensant conjointement les êtres humains et les divinités, à partir d’une même grille de lecture, qu’il a été possible aux poètes de rendre compte de l’émergence d’une sphère dans laquelle l’ordre divin ne fondait pas l’autorité humaine. Celle-ci pouvait dès lors être le produit d’une activité collective – ou travail social –, la politique.

Intervenants

Christophe Pébarthe

Université de Bordeaux